Le Canada dans le flou? Les témoignages contradictoires de la Croix-Rouge et des civils internés à Hong Kong (1941-1943)

JULIEN LEHOUX
Université du Québec à Montréal

Résumé
Après la victoire des Japonais sur la colonie britannique de Hong Kong le 25 décembre 1941, l’ensemble des civils occidentaux sont internés dans le camp de Stanley où la majorité y restera jusqu’à la fin de la guerre. Pour faire rapatrier ses citoyens, Ottawa tente d’amasser toutes informations pertinentes sur la situation à Stanley. Les internés américains, rapatriés en juin 1942, et les représentants de la Croix-Rouge dépêchés sur les lieux vont ainsi offrir les premiers comptes-rendus sur la vie des prisonniers dans le camp. Or, ces deux groupes offrent des informations complètement contradictoires. Le Canada devra ainsi départager le vrai du faux tout en conduisant en parallèle des pourparlers avec le Japon pour procéder à un échange potentiel de prisonniers de guerre. C’est ainsi en clarifiant les différents flots d’informations que le gouvernement canadien va établir sa stratégie diplomatique vis-à-vis de l’internement de ses citoyens[1].

Mots-clés

Plan

  1. Le rapatriement des Américains et leurs témoignages
  2. Faire contact avec Stanley : la Croix-Rouge à Hong Kong
  3. Vers un second rapatriement des internés

Le 8 décembre 1941, le Japon envahit la colonie britannique de Hong Kong. Après de longs combats, les Alliés sont forcés de sonner la reddition le jour de Noël 1941. Les militaires sont alors rapidement neutralisés et emprisonnés. Peu de temps après, l’armée japonaise emprisonne l’ensemble des civils occidentaux issus de nations ennemies résidant à Hong Kong (Britanniques, Américains, Néerlandais, Canadiens, etc.). À la suite d’un confinement d’un mois dans les divers hôtels de la colonie, les civils sont transférés au camp d’internement de Stanley le 20 janvier 1942. Il s’y trouve alors près de 2 800 détenus[2]. Le Japon tient fermement à huis clos les activités de Stanley Camp et le Canada se retrouve sans nouvelles de ses citoyens depuis la chute de la colonie. Dans ce contexte particulier, la recherche d’information devient primordiale pour Ottawa. À ce moment de la guerre, le gouvernement canadien s’appuie sur le support diplomatique de la Grande-Bretagne pour ce qui est la question de l’internement en Asie. Le Canada est alors un joueur diplomatique mineur et n’a pas les moyens pour discuter d’égal à égal avec le Japon. De fait, il est diplomatiquement dépendant de la Grande-Bretagne pour mener à bien les négociations. Ainsi, durant la première moitié de l’année 1942, le Canada va largement suivre le ton des discussions mené par le gouvernement britannique. La collecte d’information menée par Londres est toutefois peu fructueuse et durant les six premiers mois de la guerre, le Canada n’aura plus de nouvelles de ses citoyens.

À partir de 1942, deux canaux d’informations s’établissent entre le camp d’internement de Stanley et le Canada : les internés américains et la Croix-Rouge. Les premiers sortent du camp le 29 juin 1942 grâce aux négociations menées à bien par Washington. À leur retour, les rapatriés vont produire tout un lot de témoignages qui présente Stanley Camp comme un camp aux conditions pitoyables et aux gardes agressifs. Au même moment, la Croix-Rouge réussit à s’établir à Hong Kong et à mettre en place un point de contact avec les Alliés. Ainsi, au courant de l’automne et de l’hiver 1942, le délégué nommé, Rudolf Zindel, envoie aux gouvernements alliés différents rapports du camp. Cependant, les informations que le délégué envoie se retrouvent beaucoup plus positives que les témoignages des rapatriés américains. Le camp de Stanley est présenté comme un camp bien tenu, avec des approvisionnements en vivres fréquents et avec des gardes compréhensifs et patients. De fait, pour le Canada, cette deuxième moitié de l’année 1942 va bouleverser son approche diplomatique vis-à-vis la situation à Hong Kong. En effet, le gouvernement canadien va prendre un rôle plus actif dans la collecte d’informations, au détriment de sa collaboration avec la Grande-Bretagne. Cette nouvelle prise d’initiative, alimente les informations contradictoires que reçoit Ottawa et va mener au rapatriement des internés canadiens en septembre 1943.

Dans ce texte, nous aborderons les canaux de communications qui existaient entre Stanley Camp et l’extérieur. Étudier les communications entre les internés et leur gouvernement est primordial concernant la recherche sur les rapatriements de 1942 et 1943. Après tout, c’est selon les informations fournies par les internés et par la Croix-Rouge que les gouvernements alliés développent leurs politiques sur les échanges de prisonniers avec le Japon. La première partie explorera ainsi les conditions de rapatriement des Américains et leur retour aux États-Unis. Nous examinerons le contexte dans lequel ces témoignages sont diffusés durant la guerre et leur réception par les gouvernements alliés. Dans la deuxième partie, nous présenterons les activités de la Croix-Rouge à Hong Kong et la façon dont elle aide les internés. Cela nous permettra de mettre en lumière le rôle des délégués de la Croix-Rouge au sein du camp et, d’ainsi, tracer le contour du contexte qui entoure leur communication avec le gouvernement canadien. Finalement, nous conclurons notre analyse en présentant la réponse du Canada face à ces différentes nouvelles.

1. Le rapatriement des Américains et leurs témoignages

Le 8 décembre 1941, au milieu des combats à Hong Kong, les États-Unis et le Japon déclarent être disposés à faire un premier échange de prisonniers[3]. Le Canada sera immédiatement invité par Washington à faire partie de ces discussions, mais il y prendra très peu part. En effet, pour les États-Unis, inviter le Canada s’inscrit dans une stratégie pour consolider ses liens diplomatiques avec ses voisins américains dans le cadre de la gestion des populations japonaises dans l’hémisphère occidentale ; plusieurs pays d’Amérique latine sont ainsi invités à participer aux négociations au même moment[4]. Le Canada quant à lui est peu impliqué dans les discussions et préfère se tourner vers la Grande-Bretagne pour être représenté[5]. Les négociations entre Washington et Tokyo commencent dès le début janvier 1942, mais seront le théâtre d’un important aller et retour entre les deux partis pour s’accorder sur les modalités de l’échange.

Hong Kong devient rapidement l’une des zones prioritaires pour le gouvernement américain. Durant les négociations, il détermine trois conditions qui établissent l’ordre de priorités du rapatriement de ses citoyens. En premier lieu, le gouvernement désigne les individus à risque de se retrouver dans une situation dangereuse après les combats, citant en exemple les Américains internés ou arrêtés par les Japonais. Cette catégorie comprend alors la quasi-totalité des civils qui habitent les territoires occupés par le Japon. En deuxième lieu, ce sont les citoyens qui habitent des régions jugées dangereuses par le gouvernement américain, soit la Thaïlande, l’Indochine et Hong Kong. Ces zones sont désignées selon plusieurs critères : on suppose que la température et la surpopulation des camps y engendrent des conditions de vie terribles. En dernier lieu, Washington priorise les citoyens américains qui se trouvent loin de Tokyo et Shanghai, les deux centres métropolitains principaux en Asie, car on craint que les camps éloignés des centres soient moins soumis au contrôle de l’État-major. Ces derniers seraient donc plus susceptibles d’être administrés par des officiers incompétents tout en étant propices aux abus[6]. C’est selon cet ordre de priorités que le camp d’internement de Stanley à Hong Kong devient la cible principale de Washington. Entre temps, les États-Unis décident aussi de rapatrier les citoyens américains internés au Japon et à Shanghai en accordant la priorité aux femmes et aux enfants[7].

Finalement, un itinéraire est décidé. Le navire japonais Asama Maru est responsable de transporter les internés américains de Stanley Camp[8]. Au même moment, le navire italien SS Conte Verde quitte Shanghai avec à son bord d’autres civils américains mis en internement en Chine. Les deux navires mettent le cap sur Lourenço Marques, un port portugais au Mozambique, où le bateau suédois MS Gripsholm les attend pour procéder à l’échange de prisonniers.

En vue du rapatriement, plusieurs internés préparent leurs témoignages. Quelques jours avant leur départ, le directeur du camp, Franklin C. Gimson[9], demande à l’un des Américains de recueillir des messages importants que veulent faire parvenir les individus qui resteront à Stanley. Il s’entretient ainsi avec plusieurs détenus et tente d’en apprendre le plus possible sur les autres camps à Hong Kong, où plusieurs militaires canadiens y sont emprisonnés, pour transmettre ces informations à son retour aux États-Unis[10]. Dans la même veine, un couple ne faisant pas partie du voyage demande à l’Américain Wenzell Brown : « Don’t let our suffering be in vain »[11]. La rédaction de ces premiers rapports se fait toutefois à bord, alors que leurs souvenirs sont encore frais. En effet, les Japonais n’autorisent pas les passagers à emporter leurs journaux intimes ou leurs lettres. Dès le départ de l’Asama Maru, des journalistes sortent ainsi leurs machines à écrire :

These newspapermen were also working steadily, preparing stories for release to America as soon as we landed in East Africa. That would be the first authentic word flashed to the world about how Japan had been treating her prisoners. Each day there were many typewriters on deck, and for hours it would sound like Fleet Street at edition time.[12]

Plusieurs des rapatriés ont leur témoignage déjà prêt lorsqu’ils arrivent au port de New York, à la fin du mois d’août 1942. Dès leur arrivée, les internés ont ainsi plus d’une occasion de partager leur expérience au public. Ella Buuch mentionne avoir rencontré des agents du FBI dès son arrivée à New York. Les agents interrogent les passagers pendant plus de deux heures, ce qui constitue les premiers témoignages formels. Outre les agents gouvernementaux, plusieurs journalistes attendent les rapatriés lors du débarquement. Signe de la popularité du retour des internés : Ella Buuch ajoute avoir aussi croisé des photographes de retour chez elle, en Indiana[13].

Le manque d’approvisionnements et la brutalité des Japonais sont les deux éléments récurrents dans les récits des Américains internés. Par exemple, dans ses mémoires, Gwen Dew décrit les plats comme étant constitué d’un mélange de riz et d’une sauce « questionnable »[14]. Norwood F. Allman indique lui aussi que la nourriture était le problème principal, plus que la surpopulation ou le manque de médicaments[15]. Un article de journal du 27 août 1942 présente deux témoignages inédits qui s’ajoutent aux témoignages de Dew et d’Allman[16]. Dans le premier, Cecil S. Ward accuse les Japonais de n’avoir montré aucune considération pour sa femme enceinte, ajoutant que les rations de nourriture étaient manquantes. Raymond P. Harman, dans le deuxième témoignage, rapporte que les officiers semblaient être éduqués, mais que les soldats agissaient comme des barbares et qu’il aurait été giflé par eux[17]. Dew affirme aussi que l’un de ses collèges s’est fait gifler par un officier parce qu’il ne s’était pas incliné à sa vue[18]. Elle ajoute : « When I heard a slap, my heart sank to my shoe soles »[19]. Une histoire similaire est racontée par Wenzell Brown, dans laquelle un garde reprochait cette fois à un interné britannique de ne pas avoir enlevé son chapeau et d’avoir laissé sa main dans la poche de son pantalon[20]. Quant à Allman, il témoigne qu’un soldat japonais ivre s’est rendu incognito dans la chambre d’une internée et lorsqu’il a été découvert par les autres occupants, il aurait quitté la pièce à la hâte en giflant aux passages n’importe qui à portée de main[21].

Le 9 avril 1942, la Grande-Bretagne (à laquelle le Canada est affilié) se dit « much concerned »[22] par le manque de nouvelles sur la situation. De fait, les témoignages des rapatriés américains font des vagues chez les nations alliées. Le portrait brossé des conditions à Stanley Camp inquiète les gouvernements américain et canadien[23]. Cependant, à ce stade, la Grande-Bretagne est plutôt préoccupée à faire rapatrier ses internés en Asie du Sud-est et délaisse momentanément le front chinois[24]. Ce changement de priorité de la part des Britanniques préoccupe grandement le Canada, mais il hésite d’abord à s’éloigner du giron diplomatique britannique. En effet, à ce moment, la Grande-Bretagne est à la veille de conclure son propre rapatriement de ses citoyens des camps en Asie du Sud-est, signifiant au Canada qu’il est aussi capable de mener à bien des négociations. De fait, nous constatons que durant l’été 1942 le gouvernement canadien ne fait qu’observer la situation et n’est pas encore en mesure de prendre une décision pour la suite des choses. Comme mentionné plus haut, la Croix-Rouge réussit à s’établir à Hong Kong en fin juin 1942. En se servant de celle-ci, Ottawa espère construire un lien plus solide avec Hong Kong, en plus d’établir un vrai réseau de communication avec ses citoyens détenus à Stanley Camp. De ce fait, il devient primordial de confirmer la situation sur place et de conclure à un autre rapatriement qui verrait, cette fois-ci, le retour des Canadiens. Ils font cependant face à un problème : la Croix-Rouge n’est pas réceptive aux demandes canadiennes.

2. Faire contact avec Stanley : la Croix-Rouge à Hong Kong

À partir d’avril 1942, la Grande-Bretagne et le Canada sont représentés par la Suisse pour discuter avec le Japon[25]. Avec ses liens directs avec la Croix-Rouge, le gouvernement suisse est vu comme une collaboratrice idéale chez les Alliés[26]. Au Canada, la Croix-Rouge a déjà plusieurs bureaux et est en contact étroit avec les différentes branches internationales. En Chine, la situation est plus compliquée. Depuis les débuts de la Deuxième Guerre sino-japonaise en 1937, toutes les instances de la Croix-Rouge sont entièrement désorganisées avec seulement quelques groupes locaux dans certaines régions[27]. À Shanghai, un premier délégué officiel de la Croix-Rouge, Edouard Egle, est nommé en mars 1942 pour s’assurer de l’aide humanitaire dans les différents camps d’internement. Cependant, s’il est censé couvrir la région de Hong Kong, la tâche est trop lourde à Shanghai. Cela prend donc du temps avant d’établir la communication entre les internés de Stanley Camp et l’extérieur. De fait, devant l’insistance de Genève, le Japon décide finalement de reconnaître Rudolf Zindel en sa tâche de délégué de la Croix-Rouge à Hong Kong[28].

Les délégués officiels de la Croix-Rouge ont comme tâche de visiter les camps et de mettre leurs occupants en contact avec leurs pays d’origine. En tant que délégué officiel, Zindel est chargé de visiter et d’assister les détenus des camps japonais[29]. Or, ses pouvoirs sont très flous. Comme le paraphrase l’historienne Vaudine England, les autorités japonaises lui permettent de faire ce qu’il veut, à condition qu’il demande la permission pour fournir de l’aide directe aux internés[30]. Zindel se retrouve dans une position délicate. Malgré les tâches qui lui sont octroyées par la Croix-Rouge, le délégué a un champ d’action extrêmement restreint qui lui laisse seulement l’occasion de faire des visites au camp et de s’informer brièvement de la situation. Les visites de Zindel à Stanley sont sporadiques. Quelques jours après sa nomination, le 27 juin 1942, le délégué suisse fait une première visite avec son collègue Egle. La visite sert à faire une première évaluation du camp et à introduire Zindel à ses tâches[31]. Il retourne ensuite au camp le 18 juillet, sans la compagnie de Egle. Durant ses deux premières visites, le délégué suisse fait état des installations du camp, de l’approvisionnement et du confort des internés avant de conclure que ce premier rapport est préliminaire « and will shortly be supplemented by a more detailed one, which will also embody my findings during several later and more exhaustive visits to the Camp »[32]. Il revient quatre fois en septembre, en novembre[33] et de janvier à avril 1943[34].

Inspecter le camp devient de plus en plus difficile avec le temps. Au cours des mois qui suivent, le Japon retire progressivement des privilèges de visite aux gens à l’extérieur du camp. Ainsi, dans une lettre rédigée le 6 avril 1943, le directeur médical de Hong Kong se fait refuser toute visite aux camps, sans plus d’explication. Zindel devient alors la seule personne tolérée à examiner Stanley Camp. En effet, selon Ottawa, les autorités japonaises semblent attribuer toutes les responsabilités concernant la liaison entre le camp et l’extérieur au délégué suisse[35]. La supposition du gouvernement canadien est confirmée dans un télégramme du 13 mai 1943 qui affirme que les représentants suisses ne peuvent aller dans aucun camp en Asie, sauf les camps à Hong Kong selon une mesure « exceptionnelle » attribuée par Tokyo, mais sans plus de précision de la part de celui-ci[36]. Zindel réussit à se rendre au camp une autre fois en juin, malgré une nouvelle interdiction émise par le gouvernement japonais qui refuse dorénavant toute visite sur son territoire. Zindel et ses collègues doivent obtenir une autorisation spéciale pour rejoindre Stanley Camp. Durant cette inspection, le délégué suisse tente d’expliquer à certains internés comment cette nouvelle situation rend sa tâche difficile, mais sans succès[37]. En effet, durant la guerre, quelques détenus réussissent à faire publier une lettre ouverte dans les journaux pour dénoncer le manque de support de la Croix-Rouge et l’irrégularité des visites de Zindel[38]. Il visite ensuite le camp en août et annonce les détails du rapatriement des Canadiens pour le mois prochain[39]. Il se rend alors à Stanley le 19 septembre 1943, où il discute du rapatriement des Canadiens avec le directeur du camp, Franklin C. Gimson, mais il ne sera pas présent lors de leur départ quelques jours plus tard.

Lors des seize mois entre la nomination de Zindel et le rapatriement des Canadiens, le délégué de la Croix-Rouge visite Stanley Camp onze fois. Toutefois, le délégué suisse a le mandat de faire des visites tous les mois et la fréquence irrégulière de celles-ci inquiète le Canada. Une lettre envoyée au sous-secrétaire d’État des affaires étrangères mentionne que certains membres, au sein du gouvernement, sont inquiets des difficultés de Zindel à enquêter sur la situation au camp de Stanley avec rigueur[40]. De leur côté, les internés canadiens prennent aussi conscience des pouvoirs limités de Zindel : « The Japanese did not recognize him as having any status and he had to get special permission to visit the camp; if anybody wished to see him they had to make an appointment, and they saw him next time he came. A Japanese was always present »[41]. Un autre interné ajoute : « This man appeared to be tolerated by the Japanese rather than recognized and was only allowed to do or say what they wanted »[42].

Ces éléments expliquent en partie la différence entre le contenu de ces rapports et ceux des témoignages des Américains revenus du camp. En effet, Zindel admet la situation difficile du camp, mais atténue sa gravité. Par exemple, durant sa première visite à Stanley Camp, le délégué souligne plusieurs aspects positifs du camp : « beautiful surroundings », « abundance of light and fresh air », « one of the best beaches in Hong Kong », etc. Il ne manque pas non plus d’énumérer ses diverses installations : terrains de sport, bibliothèques, cuisines, salles de bain, espaces religieux, etc., mais ne spécifie pas qu’elles se trouvent obsolètes, en ruines ou interdites d’accès au public. Les enjeux comme l’approvisionnement alimentaire ou le surpeuplement sont rapidement mentionnés et des solutions vagues et inefficaces sont offertes pour démontrer que la situation est maîtrisée. Par exemple, s’il note dans son rapport de juin 1942 que l’approvisionnement alimentaire était préoccupant durant les mois de février à avril, il indique ensuite qu’elle s’est grandement améliorée à un point que des internés seraient satisfaits des présentes conditions[43]. Le délégué mentionne un système de livraisons de colis hebdomadaires fournis par des personnes à l’extérieur du camp qui aurait aidé la situation. Or, c’est sans mentionner que l’envoi des colis a rapidement été interrompu par les autorités japonaises en guise de punition envers certains détenus qui auraient rompu les règles du camp[44]. Zindel juge aussi que les diverses installations sont satisfaisantes en s’appuyant sur les propos de plusieurs internés dont l’identité n’est pas spécifiée. Tandis que les rapatriés américains affirment que chaque chambre pouvait contenir jusqu’à une douzaine de personnes[45], Zindel n’aurait vu que des pièces abritant un maximum de sept personnes. De même, le manque d’espace n’est pas un facteur important selon lui, parce que « owing to the mild climate in Hongkong the windows can be kept open most of the time and adequate ventilation is thus possible »[46]. Enfin, ses rapports ne soulèvent aucunement les cas de mauvais traitement physique ou sexuel de la part des autorités japonaises.

Le contenu des rapports suivants n’évolue pas et n’offre que très peu d’informations additionnelles. Par exemple, lors de sa visite de juillet 1942, il évalue que les « quarters, life, heatlh, clothing, canteen, library, religious services, general treatment » sont très satisfaisants[47]. En mars 1943, il indique simplement que les conditions à Stanley Camp n’ont pas changé depuis sa dernière visite en février[48]. Généralement, Zindel présente les améliorations du camp sans les mettre en perspective. Dans son rapport de juin 1943, il écrit que la consommation calorifique des internés a augmenté de 20 %, mais ne mentionne pas que les cas de malnutrition sont encore très nombreux. On note par exemple une augmentation dans les cas de malnutrition au camp : de 1 040 (1942) à 1 460 (août 1943)[49]. Dans le même rapport, il indique les montants d’argent qu’il a pu allouer aux internés, mais il ne souligne pas que les montants envoyés sont dérisoires et ne permettent pas de combler le manque en provision[50].

Plusieurs éléments expliquent les contradictions des rapports de Zindel. Par exemple, le délégué n’a pas l’occasion de discuter librement avec les internés et ne s’entretient en moyenne qu’avec une cinquantaine d’entre eux à chaque visite. Il ne peut non plus se promener dans le camp sans être accompagné de gardes japonais. Lors d’une visite, des internés auraient crié à voir Zindel depuis leur chambre, mais les Japonais lui auraient refusé le privilège d’aller leur parler[51]. De façon plus importante, les Japonais refusent également que le délégué suisse envoie tout commentaire négatif à Genève et aux pays alliés[52]. Ainsi, chaque rapport est lu et approuvé par les autorités japonaises avant d’être envoyé aux Alliés[53]. En conséquence, la Croix-Rouge n’a pas d’autre choix que de se plier aux exigences des Japonais et devient, malgré elle, une agente de désinformation. Les Japonais autorisent les internés à envoyer une courte lettre par mois par le biais de la Croix-Rouge[54]. Le contenu des lettres est vérifié : les Occidentaux emprisonnés n’ont pas le droit de critiquer les conditions du camp, d’écrire des phrases à double sens, de citer la bible ou d’enquêter sur la situation de la guerre. Ils sont seulement autorisés à écrire sur des enjeux personnels et sur leur santé[55]. Seuls les messages personnels, concernant par exemple les affaires familiales, sont autorisés. Par exemple, une lettre écrite par la Britannique Catherine F. Cunningham révèle en effet très peu sur la situation à Stanley. L’auteure assure qu’elle va bien et que sa famille « would know very little difference in me »[56]. Elle conclut en demandant à sa famille de ne rien envoyer à l’exception de lettres, ajoutant que les colis de la Croix-Rouge sont déjà très appréciés[57]. Une fois remis à la Croix-Rouge, tous les messages passent par la branche de Shanghai avant d’être envoyés à Genève et redistribués aux destinataires[58]. En retour, cela fait en sorte que la Croix-Rouge se positionne comme la seule source officielle de la situation en Chine.

Rapidement, Ottawa semble se rendre compte de l’incongruité des rapports de Zindel. Dès juillet 1942, le gouvernement canadien remarque qu’Egle, après sa visite avec Zindel à Stanley, utilise exactement les mêmes mots que les autorités japonaises pour décrire les conditions des camps et conclut qu’« It is a strange coincidence »[59]. On note plus loin que les informations fournies dans ces premiers rapports sont en contradiction avec toutes les autres sources disponibles à ce moment. En septembre 1942, le haut-commissaire du Canada en Grande-Bretagne, Vincent Massey, énumère successivement tous les problèmes qu’il trouve à Hong Kong grâce à d’autres sources :

Women are suffering from lack of clothes. Canteen closed owing extortionate prices. Library practically nil requests to collect books from clubs, etc., being refused. Stanley [is] particularly overcrowded. Medical supplies short in all camps. Beri-beri cases due dificiency [sic] vitamins.[60]

C’est seulement à partir de janvier 1943 qu’Ottawa note que ses rapports semblent satisfaisants, mais « that one is a little afraid that he is being over optimistic »[61]. La branche canadienne de la Croix-Rouge elle-même répond par la suite que les craintes sont fondées et qu’on se doute que le délégué est forcé d’embellir ses rapports par les autorités japonaises. Comme de fait, en février 1943, le gouvernement canadien conclut simplement que la situation à Hong Kong semble trop belle pour être vraie[62]. Le gouvernement note la façon dont Zindel souligne les conditions excellentes du camp tout en se gardant bien de mentionner les points négatifs. À cet effet, la question des témoignages des rapatriés de 1942 devient la preuve ultime que le délégué envoie des rapports erronés[63]. Pour le gouvernement canadien, le contraste entre les rapports de Zindel et les témoignages de « sources non officielles » est évident : « You will recall that recent reports […] have given us anything but a pleasant picture of conditions in Hong Kong »[64]. Les Alliés se doutent bien que la censure japonaise s’étend jusqu’aux rapports de la Croix-Rouge en Chine[65]. Ils donnent comme exemple une petite phrase qui figure dans tous les rapports : « thanks to the courtesy of the Nipponese Authorities »[66].

À partir de juin 1943, les soupçons concernant Zindel sont confirmés. Selon deux sources anonymes qui se sont échappées de Hong Kong, les représentants de la Croix-Rouge sont terrifiés par les Japonais et sont, en retour, inefficaces et inutiles[67]. Après le conflit, l’interné canadien Ronald D. Gillespie confirme ces soupçons en précisant que Zindel avait une femme et un enfant à Hong Kong et qu’il avait peur qu’on leur fasse subir des représailles[68]. De fait, à ce moment de la guerre, le Canada est bien décidé à faire rapatrier ses citoyens le plus rapidement, peu importe les moyens utilisés.

3. Vers un second rapatriement des internés

Après plus de six mois de silence, les témoignages des rapatriés américains présentent un contexte alarmant à Stanley Camp. Les problèmes d’approvisionnement en nourriture et en médicaments s’ajoutent au surpeuplement du camp et aux diverses agressions des Japonais. Alors qu’Ottawa espère trouver une alliée importante avec la Croix-Rouge, elle se retrouve plutôt avec une collaboratrice hasardeuse. Malgré les bonnes intentions de Zindel, les restrictions imposées par les Japonais ne lui permettent pas d’en faire autant qu’il le souhaite. Ses rapports falsifiés embrouillent ainsi momentanément le Canada quant à la situation réelle à Hong Kong. Pour Ottawa, tous ces facteurs sonnent l’alarme sur les conditions dans lesquelles vivent les Canadiens détenus à Stanley Camp.

À cet effet, il est clair que le rapatriement réussi des Américains en juin 1942 démontre au Canada la faisabilité d’une telle opération. Cependant, celui-ci préfère se rabattre vers la Grande-Bretagne, son allié traditionnel, pour le représenter diplomatiquement et conduire les négociations avec le Japon. Le gouvernement canadien va toutefois rapidement regretter la décision. Comme nous l’avons mentionné, Londres semble peu préoccupé par le sort des internés à Hong Kong et préfère concentrer ses efforts sur le rapatriement de ses citoyens dans d’autres camps. Au même moment, les rapports controversés de la Croix-Rouge parviennent aux Alliés et l’incongruité de leur contenu les frappe. Devant les différents problèmes reliés à Londres et l’urgence de la situation impliquée par la Croix-Rouge, il devient évident que le Canada doit accélérer le rythme pour procéder au rapatriement de ses citoyens.

À partir de l’automne 1942, Ottawa, estimant que ses citoyens sont vraisemblablement laissés à eux-mêmes, choisira de se joindre aux États-Unis afin de les ramener au pays. Le Canada brise alors une longue tradition diplomatique en se détachant de la Grande-Bretagne et en agissant selon son statut de pays indépendant. Plusieurs facteurs expliquent cette distanciation du Canada. Il est toutefois certain que la confusion générale quant à la situation à Hong Kong joue un rôle important. Ainsi, au cours des mois suivant le rapatriement des Américains, Ottawa tente de reconstituer les évènements à Hong Kong. Tandis qu’il organise plusieurs collectes d’informations sur la situation des Japonais et des Nippo-Canadiens sur son territoire, il s’inquiète de voir que Tokyo ne semble pas faire de même vis-à-vis des internés canadiens[69]. Les informations sont fragmentées et proviennent de différentes sources que le gouvernement canadien ne peut adéquatement vérifier. Il faut attendre mars 1943 pour qu’Ottawa reçoive finalement une liste des civils canadiens et britanniques détenus à Hong Kong[70]. Cette dernière soulève, cependant, beaucoup plus de questions que de réponses chez le gouvernement : à ce stade des négociations, Ottawa n’a demandé aucune liste de la sorte aux Japonais et ne peut donc pas être certaine de son origine. Dans un document daté du 2 avril 1943, Ottawa estime que 75 % des informations demandées au Japon concernant Hong Kong ont été fournies. Malgré ce fait, plusieurs détails importants sont encore manquants. Par exemple, le gouvernement canadien reçoit une liste de citoyens occidentaux qui ne sont pas en internement, mais ne connait pas la proportion de Canadien parmi ceux-ci[71]. De même, il ignore toujours le nombre total de Canadiens internés en Asie[72]. Ottawa suppose que les Japonais n’internent pas certains citoyens canadiens plus vulnérables (ex. : les malades, les personnes âgées ou les religieux qui sont déjà cloisonnés chez eux), mais aucun fait ne confirme cette hypothèse à ce moment[73]. De plus, le Canada ne reçoit aucune information officielle sur les conditions d’internement de la part du Japon.

L’expérience semble avoir laissé une mauvaise impression de la Croix-Rouge au sein du gouvernement canadien. Dans une lettre écrite en janvier 1944, un membre du gouvernement questionne ouvertement le rôle de la Croix-Rouge : « It is surprising thing [sic] that much as we work with the International Red Cross there is nobody in the whole Government of Canada who understands that organization »[74]. Plus loin, on mentionne les tensions personnelles entre un colonel de l’armée canadienne et le délégué de la Croix-Rouge au Canada. Selon ce colonel, les pouvoirs que confèrent les accords de Genève de 1929 à l’organisation entrent en conflit avec les intérêts du Canada et les tâches des puissances protectrices[75]. C’est une opinion minoritaire au sein du gouvernement, mais qui montre du moins les dissensions provoquées par la présence de l’organisation. En retour, les Alliés réévaluent rapidement leur position par rapport à l’organisation :

The great value of having International Red Cross delegates on the spot is not [sic] that they should report to us but that they should organise supples [sic] and welfare as far as the Japanese will permit. We consider that they [sic] reports should always be taken with a certain amount of reserve.[76]

À cet effet, les départements de la Croix-Rouge à Londres semblent être en accord avec eux[77]. De fait, lorsque durant la première moitié de 1943 le Canada prend un rôle plus actif dans les discussions pour faire rapatrier ses citoyens, il diminuera grandement sa collaboration avec Zindel à Hong Kong. Les relations entre la Croix-Rouge et le Canada seront encore tachés durant l’été 1943. Nous noterons ainsi que les communications entre les deux acteurs concernant les échanges d’informations avec le Japon seront très souvent tendues : le Canada accusant la Croix-Rouge, entre autres, de miner le ton des discussions[78]. Celles-ci vont tergiverser longuement alors que les États-Unis et le Japon doivent, encore une fois, établir chaque modalité de l’échange. Dès la fin août 1943, des rumeurs d’un second rapatriement atteignent le camp de Stanley, mais c’est seulement le 19 septembre que Zindel confirme la nouvelle[79]. Le 23 septembre, le MS Gripsholm retourne à Hong Kong et embarque alors l’ensemble des civils canadiens. Le voyage est long et c’est seulement le décembre 1943 qu’ils arrivent à New York, avant d’être transférés à Montréal[80]. Pour eux, la guerre est finalement terminée.


Notes

  • [1] Nous tenons à remercier les contributions importantes de Olga V. Alexeeva, Joel Beauchamp-Monfette, Marie-Pierre Berthelet et Emeraude Castilloux dans la rédaction de ce texte.
  • [2] Bernice Archer, The Internment of Western Civilians under the Japanese, 1941–1945. A Patchwork of Internment, Hong Kong, Hong Kong University Press, 2008, p. 68.
  • [3] Bruce Elleman, Japanese-American Civilian Prisoner Exchanges and Detention Camps, 1941-45, Londres, Routledge, 2006, p. 8. Ces prisonniers sont des Japonais en voyage aux États-Unis au moment du conflit qui se retrouvent mélangés à la population nippo-américaine. Ce sont ces citoyens japonais désirant retourner dans leur pays et des Américains d’origine japonaise désabusés par leur pays d’accueil qui serviront de monnaie d’échange durant les deux échanges de prisonniers de guerre entre le Japon et les États-Unis en 1942 et 1943. Pour plus d’informations : Wendy Ng, Japanese American Internment During World War II. A History and Reference Guide, Westport (Connecticut), Greenwood Press, 2002, pp. 59–61. 
  • [4] Pour plus d’informations sur la collaboration entre les États-Unis et les pays d’Amérique latine sur les politiques d’internement des Japonais sur ces territoires : C. Harvey Gardener, Pawns in a Triangle of Hate: The Peruvian Japanese and the United States, Seattle, University of Washington Press, 1981, 222 p., Daniel M. Masterson et Sayaka Funada Classen, The Japanese in Latin America, Champaign, University of Illinois Press, 2004, 368 p.
  • [5] Le fait qu’à partir de décembre 1941, l’Argentine représente à la fois la Grande-Bretagne et, par extension, le Canada démontre que celui-ci préfère confier cette charge diplomatique à son allié. En effet, durant cette période, la Grande-Bretagne communiquera largement avec l’Argentine au nom de ses Dominions ; Ministère des affaires extérieures, Documents relatifs aux relations extérieures du Canada. Vol. 9 (1942-1943), 1980, pp. 67-71.
  • [6] À la lumière de l’analyse de nos sources, il est difficile de cerner la façon dont le gouvernement américain en est venu à cette conclusion. Cependant, leur soupçon fut confirmé par les travaux de l’historien Jean-Louis Margolin ; Jean-Louis Margolin, L’Armée de l’Empereur. Violences et crimes du Japon en guerre, 1937-1945, Paris, Armand Colin, 2007, pp. 313-318.
  • [7] Bruce Elleman, op. cit., p. 30.
  • [8] Barbara Anslow, Tin Hats and Rice: A Diary of Life as a Hong Kong Prisoner of War, 1941–1945, Hong Kong, Blacksmith Books, 2018, p. 100.
  • [9] La gestion du camp était faite à deux niveaux. Officiellement, les commandants japonais Nakazawa Chikamori et son officier T. Yamashita gèrent le camp, mais les internés s’organisent rapidement en différents comités établis selon leur nationalité. Pour les Japonais, il était plus simple de travailler avec les chefs élus de chacun de ces comités pour gérer les affaires du camp. Franklin C. Gimson, un ancien haut-fonctionnaire dans l’administration coloniale, fut nommé à la tête du comité des internés britanniques. Comme ceux-ci constituaient l’écrasante majorité dans le camp, Gimson s’est autoproclamé le directeur du camp, d’où son titre, et se mis à travailler étroitement avec les directeurs japonais. Pour plus d’informations sur la gestion du camp : Geoffrey Charles Emerson, Hong Kong Internment, 1942 to 1945. Life in the Japanese Civilian Camp at Stanley, Hong Kong, Hong Kong University Press, 2008, pp. 55–64.
  • [10] Ibid., p. 65.
  • [11] Wenzell Brown, Hong Kong Aftermath, New York, Smith & Durell, Inc., 1943, p. 276.
  • [12] Gwen Dew, Prisoner of the Japs, New York, Alfred A. Knopf, 1943, p. 298.
  • [13] Ella Buuck, « Ella Buuck’s wartime diary », Gwulo.com, 29 juin 2012.
    <https://gwulo.com/node/12711/view-pages> (31 mars 2020).
  • [14] Gwen Dew, ibid., p. 237.
  • [15] Norwood F. Allman, Shanghai Lawyer, New York, McGraw-Hill, 1943, p. 11.
  • [16] Il est malheureusement impossible de déterminer le journal d’origine selon la source originale. Voir : « Last Gripsholm Passengers off », Gwulo.com, 12 septembre 2018.
    <https://gwulo.com/atom/30709> (23 février 2020).
  • [17] « Last Gripsholm Passengers off », Gwulo.com, 12 septembre 2018.
    <https://gwulo.com/atom/30709> (23 février 2020).
  • [18] Gwen Dew, ibid., p. 265.
  • [19] Ibid., p. 141.
  • [20] Wenzell Brown, op. cit., pp. 168–169.
  • [21] Norwood F. Allman, op. cit., p. 16.
  • [22] Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa, Canada (BAC), Exchange of Information Re : Prisoners of War & Interned Civilians between Canada & Japan (Part 1), RG25-A-3-b, Télégramme du High Commissioner for Canada in Great Britain au Secretary of State for External Affairs (Canada), 9 avril 1942.
  • [23] Neville Wylie, « Prisoner of War Relief and Humanitarism in Canadian External Policy during the Second World », Journal of Transatlantic Studies, vol. 3, no 2, 2005, p. 250.
  • [24] Ironiquement, la Grande-Bretagne se fiait aux anciens rapports fournis par différents témoins des camps à Shanghai. Jugeant que la situation à Shanghai n’était pas particulièrement préoccupante, Londres a conclu que les conditions à Hong Kong devaient être forcément similaires. Évidemment, c’était une grave erreur de sa part et cette décision fut prise à l’encontre des politiques menées par Washington depuis le début de ses négociations avec le Japon ; Kent Fedorowich, « Doomed from the Outset? Internment and Civilian Exchange in the Far East: The British Failure over Hong Kong, 1941-45 », The Journal of Imperial and Commonwealth History, vol. 25, no 1, 1997, p. 115–116.
  • [25] Comme nous l’avons mentionné plus haut, l’Argentine occupait la tâche de puissance protectrice à partir de décembre 1941. En revanche, en raison de plusieurs problèmes de communication entre elle et la Grande-Bretagne, cette dernière décide de rompre cette collaboration et de se tourner à la Suisse. Le Canada fera de même quelques jours après ; Ministère des affaires extérieures, op. cit., p. 105-107.
  • [26] Pour l’anecdote, nous soulignerons qu’il existait une certaine confusion chez les Alliés quant à la nature de la Croix-Rouge. En effet, plusieurs représentantes gouvernementales s’imaginaient, à tort, que la Croix-Rouge était une branche intégrale du gouvernement suisse plutôt que d’être une entité indépendante. Il est donc probable que la Grande-Bretagne et le Canada se sont tournés vers la Suisse en partie pour ses liens préconçus entre celle-ci et la Croix-Rouge. À cet effet, plusieurs rencontres seront organisées entre la Suisse et les Alliés pour clarifier la confusion, mais sans succès ; Martin Schärer, « L’activité de la Suisse comme puissance protectrice durant la Seconde Guerre mondiale », Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, vol. 31, no 121, 1981, p. 123.
  • [27] Caroline Reeves, « The Red Cross Society of China: Past, Present, and Future », Jennifer Ryan, Lincoln C. Chen et Tony Saich (dir.), The Philanthropy for Health in China, Bloomington, Indiana University Press, 2014, p. 222.
  • [28] Geoffrey Charles Emerson, op cit., p. 18.
  • [29] The National Archives, Kew, United Kingdom (TNA), CO 980/121, Rapport de l’ambassade britannique à Chungking au département des prisonniers de guerre à Londres, 15 juin 1944.
  • [30] Vaudine England, « Zindel’s Rosary Hill—Hong Kong’s Forgotten War », Journal of the Royal Asiatic Society Hong Kong Branch, vol. 57, 2017, p. 40.
  • [31] BAC, Visits by Representatives of the Protecting Power & the International Red Cross Committee to Canadian Prisoners of War & Internees in Japan & Japanese-Occupied Territory — Arrangements & Reports (Part 1), RG25-A-3-b, Télégramme d’Ernest L. Maag, délégué de la CIRC au Canada, à Alfred Rive, 22 juin 1942.
  • [32] BAC, Visits by Representatives of the Protecting Power & the International Red Cross Committee to Canadian Prisoners of War & Internees in Japan & Japanese-Occupied Territory—Arrangements & Reports (Part 2), RG25-A-3-b, Interim Report on Visits to Civilian Internment Camp, Stanley—Hong Kong. Visited on 27th. June and 18th July 1942, by Mr. E. Egle and R. Zindel, 6 août 1943.
  • [33] Raymond Eric Jones, « R.E. Jones Wartime diary », Gwulo.com, 23 décembre 2011.
    <https://gwulo.com/node/9660> (27 février 2020).
  • [34] BAC, Visits by Representatives… Part 1, RG25-A-3-b, Télégramme de Ernest L. Maag au département des affaires étrangères, 29 mars 1943.
  • [35] Ibid., Lettre du gouvernement suisse au gouvernement britannique, 6 avril 1943.
  • [36] Ibid., Télégramme du Haut-Commissaire du Canada en Grande-Bretagne au Secrétaire d’État des affaires externes canadiennes, 15 mai 1943.
  • [37] Raymond Eric Jones, « R.E. Jones Wartime diary », Gwulo.com, 23 décembre 2011.
    <https://gwulo.com/node/9660> (27 février 2020).
  • [38] TNA, CO 980/120, Lettre ouverte de R. Hunt, J. W. Burford et W. B. Bennett publiée dans The New Statesman and Nation, 12 août 1944.
  • [39] Selon le journal intime d’Eric MacNider, l’annonce officielle du rapatriement des Canadiens se fait le 18 août 1943 ; Eric MacNider, « 31 Aug 1943, Eric MacNider’s wartime diary », Gwulo.com, 19 août 2014.
    <https://gwulo.com/node/20872> (7 avril 2020).
  • [40] BAC, Visits by Representatives… Part 2, RG25-A-3-b, Lettre adressée à H. P. Plumptre, 11 mars 1943.
  • [41] TNA, CO 980/120, Mr. R. D. Gillespie’s Report on Conditions in Hong Kong. Record of a meeting held in the conference room at the Colonial Office, 27 novembre 1943.
  • [42] TNA, CO 980/121, Report on Stanley Civilian Internment Camp, date inconnue.
  • [43] BAC, Visits by Representatives… Part 2, RG25-A-3-b, Interim Report on Visits to Civilian Internment Camp, Stanley—Hong Kong. Visited on 27th June and 18th July 1942, by Mr. E. Egle and R. Zindel.
  • [44] BAC, Arrangements with Japan …, RG25-A-3b, Internment of American and Allied Nationals at Stanley Internment Camp, Hong Kong, 30 novembre 1943.
  • [45] Ibid.
  • [46] BAC, Visits by Representatives… Part 2, RG25-A-3-b, Interim Report on Visits to Civilian Internment Camp, Stanley—Hong Kong. Visited on 27th June and 18th. July 1942, by Mr. E. Egle and R. Zindel.
  • [47] BAC, Visits by Representatives… Part 1, RG25-A-3-b, Lettre de N. A. Robertson, sous-secrétaire d’État des affaires étrangères à H. P. Plumptre, directrice de la Red Cross Enquiry Bureau à Ottawa, 24 juillet 1942.
  • [48] Ibid., Télégramme d’Ernest L. Maag, délégué de la CIRC au Canada, 29 mars 1943.
  • [49] BAC, Arrangements with Japan …, RG25-A3-B, Condensed Report on Medical Examination, septembre 1943.
  • [50] TNA, CO 980/120, John Allistair Loan, Report on Health and Nutrition of New Zealanders in Stanley Internment Camp, Hong Kong, 17septembre 1943.
  • [51] Geoffrey Charles Emerson, op. cit., p. 115.
  • [52] Ibid.
  • [53] BAC, Arrangements with Japan …, RG25-A-3b, Internment of American and Allied Nationals at Stanley Internment Camp, Hong Kong, 30 novembre 1943.
  • [54] TNA, CO 980/127, Civilian Assembly Centre at Lungwha. Visited by Mr. Egle, 20 août 1943.
  • [55] BAC, Arrangements with Japan …, RG25-A-3b, Internment of American and Allied Nationals at Stanley Internment Camp, Hong Kong, 30 novembre 1943.
  • [56] TNA, CO 980/121, Lettre de Catherine F. Cunningham à sa mère, 30 avril 1943.
  • [57] Ibid.
  • [58] BAC, Visits by Representatives… Part 1, RG25-A3-b, Report on the Activities of Mr. Egle, Delegate of the International Committee of the Red Cross at Shanghai, 16 octobre 1942.
  • [59] Ibid., Lettre de Vincent Massey, haut-commissaire canadien en Grande-Bretagne au secrétaire d’État aux Affaires extérieures canadien, 16 juillet 1942.
  • [60] Ibid., Lettre de Vincent Massey, haut-commissaire canadien en Grande-Bretagne au secrétaire d’État aux Affaires extérieures canadien, 9 septembre 1942.
  • [61] BAC, Visits by Representatives… Part 1, RG25-A3-b, Lettre de G. A. Wallinger du département britannique des prisonniers de guerre au Lieutenant-Colonel R. E. A. Elwes, 5 février 1943.
  • [62] Ibid., Lettre du Secrétaire d’État des affaires externes canadiennes au Haut-Commissaire canadien en Grande-Bretagne, 17 février 1943.
  • [63] Ibid., Lettre du Lieutenant-Colonel R. E. A. Elwes à G. A. Wallinger du département britannique des prisonniers de guerre, 6 février 1943.
  • [64] Ibid., Lettre de C. L. Graham au Colonel F. W. Clarke, sous-secrétaire d’État aux affaires extérieures, 17 février 1943.
  • [65] Ibid., Lettre du Lieutenant-Colonel R. E. A. Elwes à G. A. Wallinger du département britannique des prisonniers de guerre, 6 février 1943.
  • [66] Ibid.
  • [67] BAC, RG24-D1-c, Lettre de G. S. Branch au Brigadier H. R. Crockatt, 4 juillet 1943.
  • [68] TNA, CO 980/120, Mr. R. D. Gillespie’s Report on Conditions in Hong Kong. Record of a meeting held in the conference room at the Colonial Office, 27 novembre 1943.
  • [69] BAC, Exchange of Information… Part 1, RG25-A-3-b, Télégramme du High Commissioner for Canada in Great Britain au Secretary of State for External Affairs (Canada), 9 avril 1942.
  • [70] Ibid., Lettre de Pedro E. Schwartz au Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères à Ottawa, 24 mars 1943.
  • [71] Ibid., Lettre de Pedro E. Schwartz au Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères à Ottawa, 24 mars 1943.
  • [72] Ibid., Memorandum—Lists of Japanese in Canada for Japanese Government., 2 avril 1943.
  • [73] BAC, Exchange of Information… Part 1, RG25-A-3-b, Memorandum—Lists of Japanese in Canada for Japanese Government., 2 avril 1943.
  • [74] BAC, Activities of the International Red Cross Committee Re Prisoners of War—General File. (Part 2), RG25, Place of Red Cross Delegate in P. O. W. matters, 17 janvier 1944. 
  • [75] Ibid.
  • [76] BAC, Visits by Representatives… Part 1, RG25-A-3-b, Lettre du Lieutenant-Colonel R. E. A. Elwes à G. A. Wallinger du département britannique des prisonniers de guerre, 6 février 1943.
  • [77] Ibid.
  • [78] BAC, RG25-A3-b, Exchange… (Part One), Memorandum for Mr. Read—Nominal roll of Japanese in Canada, 8 mai 1943. 
  • [79] Geoffrey Charles Emerson, op. cit., p. 69.
  • [80] « Believe District Families Among those on Gripsholm », Hamilton Spectator, 1er décembre 1943.