Une vingtaine de nouvelles tablettes mésopotamiennes retrouvées à l’Université McGill de Montréal

GUILLAUME SELLIER
Université du Québec à Montréal

Résumé
En 2016, 22 tablettes non étudiées, non publiées, non traduites et virtuellement inédites pour le monde scientifique, furent retrouvées dans les collections de la Bibliothèque McLennan de l’université McGill de Montréal. Ces nouvelles pièces s’ajoutent aux 48 pièces cunéiformes (tablettes, briques et cônes) conservées par cette université montréalaise, étudiées et publiées par le Royal Inscription of Mesopotamia Project en 1989. Combinant l’observation de ces artéfacts et la recherche archivistique, cette courte étude vise à identifier l’origine des nouvelles pièces, leur modalité d’acquisition et leur parcours jusqu’à Montréal dans les années 1920-1930. Parmi les 22 nouvelles pièces, 9 purent être datées par comparaison stylistique et graphique des périodes d’Ur III (6) et néo-babylonienne (3). Le parcours des nouvelles pièces put partiellement être documenté et le rôle tenu dans leur acquisition par le professeur canadien R. A. MacLean fut mis en valeur.

Mots-Clés

Plan

  1. Une vingtaine de pièces inédites?
  2. Le premier lot de 48 pièces publiées en 1989
  3. Le deuxième lot, les nouvelles tablettes ML-NS
  4. L’origine des tablettes cunéiformes de l’Université McGill

En 1989, une équipe du Royal Inscription of Mesopotamia Project spécialisée dans l’étude du matériel cunéiforme publia 48 pièces mésopotamiennes conservées par l’Université McGill de Montréal, réparties entre la Bibliothèque McLennan (32) et le Musée Redpath (16), respectivement siglées ML et RM[1]. Néanmoins, une vingtaine de tablettes furent oubliées. Si certaines de ces tablettes portant des marquages modernes ne sont pas réellement inédites, ce lot ne fut jamais étudié, traduit et publié au cours du dernier siècle. Grâce à des observations sur ces tablettes et une recherche archivistique soutenue, cette courte étude vise un double objectif. Premièrement, présenter quelques caractéristiques matérielles de ces pièces méconnues (taille, aspect extérieur, présence de marquages). Deuxièmement, retracer partiellement leurs parcours jusqu’à Montréal (origines géographiques, modalités d’acquisition et de conservation).

1. Une vingtaine de pièces inédites?

Lors d’une rencontre en 2016, l’honorable Curateur R. Virr de la Bibliothèque McLennan m’informa de la présence d’une cinquantaine de pièces cunéiformes dans les collections de cette institution. Après m’avoir présenté 32 pièces cunéiformes connues, dument documentés et traduites par le Royal Inscription of Mesopotamia Project (RIMA) en 1989, il m’annonça l’existence d’une vingtaine de pièces ne figurant dans aucune documentation et, a priori, inédites. Ces tablettes absentes de la publication de 1989 et des archives étaient-elles pour autant inconnues? 

Une observation rapide de ces pièces me permit d’établir que 9 des 22 tablettes cunéiformes présentaient des marquages modernes sous la forme d’une numérotation manuelle en chiffre arabe au crayon noir ou rouge. Ces numéros prouvent qu’une partie des pièces furent répertoriées auparavant, dans des collections privées ou muséales, et seraient donc déjà connues. En comparant ces marquages aux pièces étudiées en 1989, 4 tablettes déjà publiées présentent également des marquages similaires. Dès lors, il apparaissait évident que les deux lots n’en composaient originellement qu’un formé de 70 pièces, et dont une partie fut soustraite pour un motif inconnu à l’étude du RIMA. En se basant d’une part, sur différentes sources primaires (archives, correspondances, cartels[2]) conservées par l’université McGill et deux études secondaires, et d’autre part, des observations réalisés sur les nouveaux artefacts et des comparaisons avec les pièces étudiées en 1989, notre étude vise à documenter l’origine et quelques particularités des 22 nouvelles tablettes.

2. Le premier lot de 48 pièces publiées en 1989

Le RIMA publia en 1989 les résultats des études réalisées entre 1982 et 1984 sur le corpus cunéiforme de l’université McGill conservées en deux lots, 32 pièces à la Bibliothèque McLennan et 16 au Musée Redpath, identifiées respectivement sous les sigles ML et RM. 

Ces 48 pièces et cette publication servent de base comparative à notre présente étude, pour laquelle nous retenons trois critères distinctifs : typologie, origine géographique et datation. Ce premier lot présente une grande variété typologique se composant de 28 tablettes, 14 cônes d’argile, 4 briques inscrites, 1 tablette de pierre et 1 cylindre d’argile. Les textes inscrits sur ces pièces sont constitués de rapports économiques (24), d’inscriptions royales (23) et d’un présage oraculaire. Sur les 48 textes, seulement 26 sont inédits, les autres sont connus par des duplicatas, dont les 14 cônes d’argile. L’origine géographique de 33 pièces peut être déduite par des mentions textuelles : hormis une tablette d’Assyrie (nord de l’Irak), les 32 autres viennent de Sumer et de Babylonie (centre de l’Irak)[3]. Chronologiquement, les 48 pièces étudiées couvrent deux millénaires d’histoire mésopotamienne entre les XXIIe et IIe siècles a.C. se divisant entre les périodes néo-sumériennes (v.2200-2004 a.C.) : 20 pièces, amorrite/paléo-babylonienne (v.2004-1595 a.C.) : 17, médio-babylonienne (v.1595-1000 a.C.) : 1, médio-assyrienne (v.1365-1000 a.C.) : 1, néo-assyrienne (v.1000-626 a.C.) : 1, néo-babylonienne (v.1000-539 a.C.) : 5, néo-babylonienne ou perse (626-330 a.C.) : 1 et séleucide (305-64 a.C.) : 1[4]. La majorité de ces pièces appartiennent donc à trois périodes distinctes : néo-sumérienne et plus particulièrement de la 3e dynastie d’Ur (Ur III), amorrite/paléo-babylonienne et néo-babylonienne.

3. Le deuxième lot, les nouvelles tablettes ML-NS

Désormais siglées ML-NS (McLennan-New Serie), les 22 nouvelles tablettes présentent une variété typologique limitée : 18 tablettes rectangulaires et 4 carrées (Tableau 1). Leur origine et leur datation restent incertaines sans traduction. Néanmoins, au regard des pièces publiées en 1989, les tablettes ML-NS sont assez différentes autant dans leurs dimensions, leurs matériaux, leurs styles, les usages graphiques et les conventions scribales, qu’elles doivent probablement transposer diverses langues s’étalant sur plusieurs millénaires. 14 pièces présentant des particularités visibles et feront l’objet de remarques particulières permettant de mieux cerner leur contenu et leur origine probables (ML-NS.01, 02, 04, 09, 10, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22).

A. Les tablettes présentant une numérotation manuelle moderne

Les tablettes ML-NS 02, 04, 09, 14, 21.01 présentent une numérotation manuelle moderne en chiffre arabe au crayon noir, soit respectivement 11, 14, 15, 9, 18 (Fig. 1-2, 4). La numérotation se complète partiellement avec quatre pièces étudiées par le RIMA et conservées à la bibliothèque McLennan, soit les tablettes ML 1.2, 2.7 et 2.9 datant du royaume d’Ur III numérotées respectivement 5, 7 et 4 et la ML 1.14 portant le numéro 12 datant de la période néo babylonienne[5]. Parmi les seize pièces cunéiformes conservées au musée Redpath, seule la tablette oraculaire fragmentaire RM3 porte assurément un numéro. Ce dernier, inscrit maladroitement à l’encre noire, pourrait correspondre à un 9 suivi d’un trait vertical ou à un 16, hypothèse que nous privilégions ici, puisque la ML-NS.14 porte distinctement le nombre 9. A ces dix pièces numérotées, deux cas litigieux s’ajoutent : la ML-NS.01 qui présente la répétition inhabituelle d’un « 1 » au crayon noir sur plusieurs faces (Fig. 3-4) et la ML1.6, qui porte parmi différents marquages modernes un « 8 ». 

Hormis un point divergeant, les ML1.2 et ML2.7 portent respectivement leurs 5 et 7 en rouge et non en noir comme les autres pièces numérotées, la graphie des nombres inscrits sur ces 10 à 12 pièces est similaire. Nous supposons qu’elles furent marquées simultanément par la même personne, que nous proposons d’identifier ci-dessous. 

B. Les tablettes présentant une numérotation d’inventaire muséal

Trois pièces portent des numéros d’inventaire a priori sans lien : ML-NS.01 avec plusieurs « 1 » et « 27-4-191 », ML-NS.10 « 66574 » et ML-NS.22.01-02 « 14.90 ». Malgré nos recherches auprès des principaux musées occidentaux actifs à la fin du XIXe et au début du XXe siècle dans le domaine de l’archéologie proche-orientale[6], aucune corrélation n’a pu être établie avec ces pièces, leur numéro d’inventaire présumé et les collections de ces musées. 

C. Les quatre tablettes carrées 

Parmi la série ML-NS figure quatre tablettes (ML-NS.15, 16, 17, 18) présentant des similitudes évidentes entre elles quant à leur taille, leur forme, leur style et leur graphie (figs. 5-8). Toutes de forme carrée et de dimensions moyennes avoisinant 40x39x13,5 mm, ces tablettes présentent sous les inscriptions cunéiformes, des préimpressions de sceau distinct (ML-NS.15) ou du négatif rectangulaire d’une empreinte glyptique (ML-NS.16, 17, 18). La ML-NS.15 présente sur une face, l’impression d’un personnage barbu assis sur un trône portant une tiare et une longue robe. La ML-NS.18 porte de nombreuses impressions de motifs géométriques complexes servant originellement de cachet distinctif. 

Ces quatre pièces sont comparables à deux autres publiées par le RIMA. Les ML1.2 et ML1.5 sont également de forme carrée, de dimensions moyennes proches (42x38x15,5 mm), de graphie analogue et présentant également des empreintes glyptiques relativement similaires. Sur le recto de la ML1.2, revêtu d’un bonnet et d’une longue robe, un homme est en position d’adoration, un doigt pointant sa bouche. Au verso, un personnage masculin est assis sur un trône, vraisemblablement un dieu d’après sa tiare cornue[7]. La pièce ML1.5 ne dévoile que des formes difficiles à reconnaître sur son verso, mais présente sur son recto un personnage masculin assis sur un trône, assez similaire au verso du ML1.2[8]. Ce motif du personnage masculin assis sur son trône est assez commun aux tablettes d’Ur III et proche de l’impression de la ML-NS.15. Si la ML1.2 fut indifféremment datée d’Ur III, la ML1.5 fut spécifiquement rattachée à la troisième année du règne d’Amar-Suena (v. 2046-2038 a.C.) et provient d’Umma. 

Après comparaison avec d’une part, les pièces ML1.2 et 1.5 étudiées par le RIMA, et d’autre part, plusieurs pièces toutes datées d’Ur III du Cuneiform Digital Library Initiative (CDLI)[9] et de différents musées internationaux[10], les pièces ML-NS.15-18 semblent également correspondre à cette période. 

D. D’autres tablettes d’Ur III

Deux petites tablettes, soit la ML.19.01-02 quasi-carrée (30x26x14 mm, fig.9) et la ML.20.01-02 rectangulaire (50x31x15 mm, fig.10), sans empreinte de sceau préimprimé possèdent de nombreux points stylistiques et graphiques en commun avec des pièces datées d’Ur III. Après comparaison avec trois pièces étudiées par le RIMA (ML1.1, 1.3 et ML inconnu #15)[11], 3 pièces présentées par le CDLI[12] ainsi que 6 pièces du Metropolitan Museum de New York[13], les tablettes ML-NS.19 et 20 seraient également à dater de l’époque d’Ur III. 

E. Les fragments épars

Parmi les différents fragments de la boîte contenant les pièces ML-NS, 7 fragments purent reconstituées 3 tablettes distinctes (ML-NS.19.01-02, 20.01-02 et 21.01-03). Composées de deux fragments chacune, les pièces ML-NS.19.01-02 et 20.01-02 sont quasiment complètes. Trois fragments se complètent pour former une portion importante (100x69x30 mm) d’une grosse tablette incomplète. Chaque fragment porte des traces d’une couche brunâtre résineuse appliquée sur les tranches intérieures. Interprétée comme de la colle, cette couche prouve une restauration antérieure. Néanmoins, s’il s’agit d’une liste de rations, l’état fragmentaire de cette tablette handicape lourdement sa traduction.

4. L’origine des tablettes cunéiformes de l’Université McGill

L’université McGill conserve différents documents relatifs à ses tablettes cunéiformes. D’une part, nos sources primaires sont constituées des documents accompagnant les tablettes elles-mêmes, de petits cartels dactylographiés, de pièces archivistiques du Theological Colleges de Montréal et de l’université McGill ainsi que des archives personnelles de W. D. Lighthall comprenant une dizaine de lettres échangées avec R. A. MacLean entre septembre 1922 et mai 1923[14]. D’autre part, deux études secondaires rapportent l’origine d’une partie des pièces cunéiformes de l’université McGill. Dans un court article de 1983, sans références bibliographiques et probablement sans observation des tablettes, Thomas Yetman s’interrogea sur l’origine des pièces cunéiformes du Musée Redpath, postulant l’intervention de trois pourvoyeurs potentiels (James Ferrier, John Garstang et Robert Alexander MacLean)[15]. Dans sa publication de 1989, le RIMA certifie l’origine de 11 des 48 pièces cunéiformes de l’université McGill dûment étudiées et traduites. Nos recherches récentes ont permis de réviser et compléter ces hypothèses par de nouveaux documents et de cerner, au moins partiellement, les origines d’une partie des pièces de la ML-NSet le rôle central de R. A. MacLean dans l’acquisition d’un tiers des 70 artéfacts cunéiformes de l’université McGill.

A. James Ferrier

Nos recherches actuelles portant sur James Ferrier (1800-1888) semblent l’exclure définitivement des tractations visant le matériel cunéiforme[16]. En effet, cet important homme d’affaires et imminent politicien montréalais a effectué à deux reprises un « Grand tour » en Orient (v.1846, 1858-1859). Si J. Ferrier a rapporté de nombreux artéfacts de ces séjours orientaux, conservés aujourd’hui au Musée Redpath de Montréal, ils proviennent exclusivement d’Égypte et de Palestine et ne comportent aucune pièce cunéiforme. 

B. John Garstang

Associé à de nombreux chantiers archéologiques du Proche-Orient ancien[17], le célèbre égyptologue et orientaliste britannique John Garstang (1876-1956) fut un pourvoyeur important pour le musée Redpath. Plus de 220 pièces conservées par cette institution furent acquises auprès de J. Garstang en 1923. À l’exception de trois pièces de Palestine, toutes proviennent d’Égypte et du Soudan et aucune ne porte d’inscription cunéiforme[18]. Dans son article, T. Yetnam rapporte une note journalistique de 1923, non retracée jusqu’à maintenant, informant de l’arrivée de :

la fameuse collection [égyptienne] du renommé archéologue britannique John Garstang [à Montréal]. (…) Quelques courtes phrases incluent dans l’article [de ce journal] informe que Garstang a aussi promis d’envoyer à Montréal une collection additionnelle de matériel ancien, constituée par des tablettes cunéiformes hittites provenant d’Égypte et du Soudan [sic] (…). Il apparait que l’achat des antiquités par le United Theological Colleges [une des entités formatives de l’université McGill] (pour la somme de £500), fut entièrement orchestré par nul autre que R. A. MacLean en 1922.[19]

Néanmoins, aucun document consulté dans les archives ne confirme ces informations ou l’intervention de R. A. MacLean dans cet achat particulier. Par ailleurs, la mention de tablettes retranscrivant un texte hittite dans un contexte nilotique reste énigmatique, voire inexacte, puisque ces découvertes furent particulièrement rares[20]. S’agit-il d’une erreur sur la provenance de ces tablettes, sur leur contenu ou sur la langue écrite? Cette confusion pourrait provenir d’un rapprochement erroné entre les fouilles menées par J. Garstang en Turquie, notamment sur le site néo-hittite de Sakçagözü (1908-1911), et son intérêt marqué pour cette civilisation anatolienne. 

Une lettre du 8 mars 1923 semble discréditer l’hypothèse du rôle de R. A. MacLean dans la tractation des pièces achetées auprès de J. Garstang et pourrait apporter quelques précisions quant aux pièces hittites. En effet, dans cette lettre R. A. MacLean rapporte à William Douw Lighthall, célèbre avocat, historien, poète et professeur à McGill, avoir raté par manque de fonds l’acquisition de « pièces babyloniennes ou hittites à Bagdad »[21]. Ces dernières furent assurément acquises par les autres missions archéologiques occidentales alors actives dans la région. Aucune des pièces étudiées par le RIMA, et a priori parmi les tablettes ML-NS, ne porte de texte en hittite et elles proviennent toutes du monde mésopotamien. Dans la même lettre, R. A. MacLean précise qu’il a appris par la presse l’achat de la collection de Garstang par l’université McGill et qu’il souhaiterait obtenir auprès de W. D. Lighthall davantage d’informations sur les pièces, ce qui réfute son implication dans cette transaction[22].

C. Robert Alexander MacLean

D’après nos recherches, R. A. MacLean (1878-1964) fut un pourvoyeur important de pièces cunéiformes dont le rôle dépasse les suppositions de T. Yetman[23]. Quand la Première Guerre mondiale éclate en 1914, il est professeur d’études classiques à l’Université de Calgary. R. A. MacLean sert successivement dans le Corps Expéditionnaire Canadien (CEC), dans l’armée britannique (Flandres, 1915), puis dans l’armée impériale des Indes (Mésopotamie, Arabie, Palestine, Perse, 1916-1918)[24]. Officier de renseignements, il assiste les États-majors du général F. S. Maude, du général E. Allenby et du Major-Général Percy Z. Cox. Si ses charges précises restent incertaines de 1916 à 1918, elles permettent à R. A. MacLean d’établir un bon réseau dans la communauté scientifique et la sphère politique impériale et proche-orientale. T. E. Lawrence (dit Lawrence d’Arabie) et G. Bell compte parmi ses connaissances[25]. Après la guerre, il passe brièvement par l’université d’Oxford avant d’obtenir un poste temporaire d’assistant-professeur à l’université McGill (juillet 1919-mai 1922). À l’été 1922, sans emploi, R. A. MacLean accepte de participer à une campagne de prospection aérienne cartographique et archéologique en Orient[26]. Il profite de ce séjour oriental pour accumuler plusieurs artéfacts mésopotamiens, qu’il compte mettre à profit pour se trouver un emploi. En automne 1923, il trouve un poste de professeur à l’université de Rochester (New York) qu’il occupe jusqu’à sa retraite en 1946[27].

Plusieurs cartels retrouvés avec les pièces cunéiformes ML et ML-NS et des correspondances permettent de suivre certaines tablettes. Un premier cartel dactylographié annonce : « Grosse tablette babylonienne [sic]. Obtenue par le Pr MacLean en 1922 à Asshur [sic] [Assyrie, Irak]. En excellente condition de préservation et montrant une belle impression de sceau. Achat [de la librairie de l’Université McGill], 1923 » (fig.11)[28], confirme la présence de R. A. MacLean en Mésopotamie à l’été 1922 et l’acquisition lors de ce séjour de plusieurs pièces. Cette « grosse tablette » n’est autre que la pièce attribuée par le RIMA (33×31.5×5.5 cm) au roi médio-assyrien Adad-Nirari Ier (ML inconnu #39)[29].

La correspondance entretenue entre R. A. MacLean et W. D. Lighthall de septembre 1922 à mai 1923 comprend une dizaine de lettres dont deux points essentiels ressortent. D’une part, R. A. MacLean possédait une collection à l’été 1922 d’au moins 50 artefacts mésopotamiens. D’autre part, il espérait obtenir un poste à l’université McGill comme professeur ou comme directeur d’un musée archéologique grâce à ses pièces. Il n’hésite pas à se proposer comme intermédiaire dans les tractations d’antiquités, assurant à W. D. Lighthall la collaboration active de ses nombreux contacts universitaires, muséaux et politiques[30].

T. Yetman rapporte l’une des premières lettres échangées entre R. A. MacLean et W. D. Lighthall mentionnant vingt tablettes envoyées à Cyril J. Gadd, imminent assyriologue travaillant au British Museum, pour expertise : 

MacLean, un professeur de l’Université de Rochester, reçoit une lettre (datée du 18 août 1922) du célèbre assyriologue britannique Cyril Gadd (du British Museum) qui a catalogué et traduit rapidement pour MacLean [les tablettes qu’il lui a envoyées]. Selon Gadd, les tablettes provenaient de deux périodes de l’histoire mésopotamienne : a) La troisième dynastie d’Ur, vers 2200-2000 a.C. et (b) les périodes néo-babylonienne et perse, vers 600-400 a.C. Par hasard, les tablettes ont été réparties entre les deux périodes, soit dix tablettes chacune. (…) Les tablettes n’étaient pas exemptes de fraude, puisque Gadd a apparemment détecté deux contrefaçons parmi les vingt tablettes, les numéros 18 et 19 dans sa liste (deux tablettes d’époque néo-babylonienne). Les tablettes babyloniennes comprenaient aussi une pièce d’intérêt particulier, Gadd écrit “… un fragment de tablette oraculaire ” (…) une tablette très importante. Après avoir reçu cette lettre de Gadd, MacLean écrivit à Lighthall pour lui exposer le travail réalisé par Gadd. Il lui explique que les tablettes furent cataloguées et qu’elles sont reconnaissables par des nombres inscrits au crayon par Gadd.[31]

Cet extrait nous apprend donc que C. J. Gadd a traduit brièvement, catalogué et numéroté au crayon les vingt pièces que lui a envoyé R. A. MacLean dont deux contrefaçons modernes (#18 et #19). En comparant cet extrait aux observations menées sur les pièces de l’université McGill, il devient évident que 10 à 12 pièces comportant une numérotation en chiffre arabe noir de 1 à 20 mentionnées précédemment sont effectivement les pièces numérotées par C. J. Gadd pour le compte de R. A. MacLean. 

En plus de ces numéros, l’identification proposée par C. J. Gadd, datant les pièces 1 à 10 d’Ur III et de 11 à 20 des périodes néo-babylonienne et perse semblent correspondre à nos constats. En effet, les ML2.9 (#4), 1.2 (#5), 2.7 (#7), 1.6 (#8) et 1.14 (#12) étudiés par le RIMA furent respectivement datées d’Ur III (ML2.9, 1.2 et 2.7), de la période paléo-babylonienne (ML1.6) et de la période néo-babylonienne (ML1.14). Dans le cas de la ML1.6, les graphies néo-sumérienne et paléo-babylonienne peuvent être relativement proches, impliquant parfois quelques confusions de traduction et expliquant éventuellement l’attribution de cette tablette à Ur III plutôt qu’à la période paléo-babylonienne par C. J. Gadd[32]. Logiquement, la tablette ML-NS.14 (#9) devrait datée d’Ur III et les tablettes ML-NS.02 (#11), 04 (#14), 09 (#15) et 21.01 (#18) seraient néo-babyloniennes. La graphie cunéiforme fine de la ML-NS.14 est assez comparable aux pièces datées d’Ur III par le RIMA, notamment la ML1.5 et ML2.7 (#7)[33]. Les graphies utilisées et les formes des tablettes ML-NS.02 (#11), 04 (#14) et 09 (#15) rappellent beaucoup la ML2.6 néo-babylonienne[34]. Selon la numérotation de C. J. Gadd et les notes rapportées par T. Yetman, la tablette ML-NS.21.01-03 (#18) serait une contrefaçon moderne. Composée de trois fragments présentant des traces de restauration moderne et d’une graphie particulièrement soignée, cette pièce ressemble beaucoup à la ML1.17 datée d’Ur III. Dans ce cas, seule une étude poussée démontrerait son authenticité. Enfin, la tablette oraculaire RM3 conservée par le musée Redpath portant le numéro 16 se confond avec le « fragment de tablette oraculaire » que C. J Gadd considère « d’intérêt particulier »[35].

En conséquence, en excluant la ML1.6 et ML-NS.01 qui restent des cas particuliers[36], au moins 10 tablettes sur les 70 pièces cunéiformes de l’université McGill portent un numéro inscrit au crayon noir qui correspond vraisemblablement à la numérotation appliquée par C. J. Gadd (Tableau 2) et durent transiter vers la métropole insulaire par l’intermédiaire de R. A. MacLean. Sur le lot originel mentionné de 20 tablettes, le sort des 8 à 10 autres pièces numérotées reste pour le moment inconnu. 

Trois lettres et plusieurs cartels confirment l’existence de la collection de R. A. MacLean et de l’acquisition d’une partie de ces pièces par l’université montréalaise. Dans une première lettre datée du 2 septembre 1922 envoyée à W. D. Lighthall, R. A. MacLean rapporte que sa collection comprenait une cinquantaine de pièces mésopotamiennes, soit « 40 tablettes, 3 sceaux-cylindres, 4 autres sceaux, 3 briques inscrites, une de celles découvertes à Ur [datant] des Chaldéens et une petite statuette parthe[37]». Il assure également à W. D. Lighthall du soutien de ces nombreux contacts pour l’acquisition de matériel ancien et la constitution d’un musée archéologique à Montréal. Dans une deuxième lettre datée du 12 octobre 1922, le directeur de la bibliothèque de l’université McGill non nommé, vraisemblablement G. R. Lomer alors en poste, demande l’expertise de Frederick Cleveland Morgan, imminent collectionneur d’art et fondateur du Musée des Beaux-Arts de Montréal, concernant la proposition de vente des pièces de R. A. MacLean. Le classiciste offre trois modalités de vente : l’intégralité de la collection pour 300$, une portion de celle-ci comprenant 40 pièces cunéiformes, dont 36 tablettes, une tablette en pierre et une tablette oraculaire pour 200$ ou encore une dizaine de pièces pour 100$[38]. Cette troisième option fut choisie puisqu’une troisième lettre, copie d’un courrier original envoyé le 17 mars 1923, atteste de l’acquisition par l’université McGill auprès du R. A. MacLean de 10 pièces mésopotamiennes pour 100$ comprenant « une grosse brique, une petite brique [pour] 25,00$, 5 sceaux, 3 cylindres [pour] 50,00 [$], un manuscrit du Ceylan [pour] 25,00 [$] »[39]. Néanmoins, comme plusieurs pièces mentionnées dans la deuxième option, dont « une tablette en pierre » et « une tablette oraculaire », sont absentes de la confirmation d’achat du 17 mars 1923 mais se retrouvent dans les collections de l’université McGill (ML1.12 et RM3), des achats complémentaires furent réalisés ultérieurement par d’autres personnes. 

En ce qui concerne les deux contrefaçons néo-babyloniennes suspectées par C. J. Gadd, aucun document ne permet de les lier directement à une pièce de la collection universitaire McGill. Pourtant, un cartel dactylographié intitulé « Antiquités contrefaites, Tablettes d’argile babyloniennes avec des inscriptions inintelligibles »[40] permet d’affirmer qu’au moins deux contrefaçons, tablette étant au pluriel, furent exposées par l’université et dument identifiées comme des faux. Le caractère « inintelligible » de ces pièces empêche de les confondre avec les pièces identifiées comme des faux néo-babyloniens par C. J. Gadd. La seule contrefaçon clairement identifiée par le RIMA concerne la tablette de pierre ML1.12. reproduisant un texte du roi de Lagaš Gudéa (v.2141–2122 a.C.) provenant de Girsu/Tello[41]. Cette pièce étant la seule en pierre connue de toute la collection, un rapprochement est suggéré avec la « tablette de pierre » proposée par R. A. MacLean dans sa lettre du 12 octobre 1922 à l’institution montréalaise. Néanmoins, cette pièce est absente des dix pièces vendues à l’université McGill mentionnées dans une lettre du 17 mars 1923. La date et le contexte d’acquisition de la tablette ML1.12. reste incertaine. 

Quelques lettres mentionnent une visite prévue de R. A. MacLean à Montréal pour y rencontrer W. D. Lighthall au printemps 1923. Ce dernier étant retenu pour des motifs personnels, le classiciste rencontre néanmoins au club de l’université McGill le 1er avril 1923 F. C. Morgan avec lequel il discute longuement sur « les affaires du musée », probablement celui que R. A. MacLean imaginait ouvrir à Montréal, et l’opportunité d’acheter des pièces auprès d’Arthur Evans, l’archéologue ayant fouillé Knossos en Crète, sur lequel il semble bien informé[42]. Il propose également à l’université de financer son voyage en Angleterre pour négocier l’achat de pièces avec « l’inventeur des Minoens ». Nous rappelons que cette rencontre est postérieure à la confirmation d’achat du 17 mars 1923 reçu par R. A. MacLean et que F. C. Morgan a eu connaissance de la collection que souhaite vendre son visiteur. Nos sources actuelles ne permettent pas de conclure qu’une transaction, portant sur la deuxième option d’achat, eut lieu entre les deux hommes à ce moment. Néanmoins, une tablette portant le numéro manuscrit « 7 » de C. J. Gadd, identifiée par le RIMA comme une pièce du roi Amar-Suena d’Ur III (ML2.7)[43], fut acquise à un moment indéterminé par C. Morgan auprès de R. A. MacLean qui l’offrit ensuite à l’université McGill. 

Un autre cartel avise : « Tablettes d’argile babyloniennes. Une collection obtenue par le Pr Maclean durant l’été de 1922. Beaucoup d’entre elles datent d’autour 2000 a.C. (Achat du Theological Colleges, 1923.) »[44] (fig.12). La mention d’une collection confirme qu’un ensemble de pièces acheté auprès du classiciste fut exposé conjointement à l’université McGill dans les années 1920-1930. Sous ce terme erroné et anachronique de « babylonien » pour 2000 A.C.[45], se cache probablement plusieurs tablettes néo-sumériennes datant d’Ur III, confirmant qu’une partie ou l’intégralité des pièces envoyées par R. A. MacLean à C. J. Gadd en 1922, seraient bien arrivées à Montréal et où elles furent exposées. 

Une autre lettre mentionnée par T. Yetman, nous informe sur les modalités d’acquisition de certaines pièces en Irak : 

Dans la dernière page d’une lettre mal préservée (sans date) MacLean suggère à Mr W. D. Lighthall d’accélérer par le Joint Board of Theological Colleges in Montreal, l’achat de la collection de tablettes et d’antiquités qu’il a trouvées à Bagdad. Selon MacLean, le matériel archéologique est entreposé dans une grande boîte comme butin de guerre tenu par le High Commissioner de Bagdad, Sir Percy Cox. Cox ne s’y intéresse pas vraiment et serait heureux de voir ces pièces dans un musée quelque part dans l’Empire britannique. Dans sa lettre, MacLean exprime ses craintes que les antiquités ne tombent entre les mains de revendeurs d’antiquités locaux douteux qui permettront leur achat par de riches Américains.[46]

Ne disposant pas du document original, quelques éléments nous orientent cependant vers deux datations possibles. La première période renvoie au service actif de R. A. MacLean en Mésopotamie, et plus précisément à Bagdad, entre la prise de la ville par les troupes britanniques (mars 1917) et sa mutation vers la Perse (juin 1918). Placer dans cet intervalle, les tablettes mentionnées sont-elles d’authentiques « butins de guerre » confisqués aux missions archéologiques allemandes actives à Aššur et à Babylone pendant le conflit[47]? Cette hypothèse reste en suspens puisque parmi les pièces identifiées par le RIMA en 1989, aucune ne provient de Babylone et seulement une provient d’Aššur (Assyrie), trouvée en Irak par R. A. MacLean en 1922 et vendue en 1923 à l’université montréalaise (ML inconnu #39). Les modalités de cette trouvaille restent inconnues. C’est donc vers l’été 1922, la seconde période probable de rédaction de cette lettre, que se tournent nos soupçons. En se fiant à la mention de T. Yetman décrivant P. Cox comme le « High Commissioner », poste qu’il n’occupe qu’entre 1920 et 1923[48], cette lettre serait postérieure à la promotion de P. Cox. Elle cadrerait avec le séjour irakien de R. A. MacLean en été 1922 et intègrerait possiblement la correspondance entretenue entre ce dernier et W. D. Lighthall. 

Ainsi, le croisement des sources étudiées démontre avec certitude que R. A. MacLean a intercédé dans l’achat par l’université McGill d’au moins une douzaine de pièces, soit les 10 mentionnées dans la lettre du 17 mars 1923, et probablement 10 à 12 autres pièces complémentaires, passées préalablement par les mains de C. J. Gadd et portant une numérotation manuelle. 

D. Les autres donateurs identifiés

En 1989, le RIMA identifie l’origine de 11 des 48 pièces étudiées. Sur les 14 cônes d’argile répertoriés, 7 proviennent assurément des fouilles menées par Leonard Wooley à Ur, auxquels s’ajoutent vraisemblablement 4 autres pièces d’origine similaire[49]. Si C. J. Gadd officiait comme assyriologue durant la seconde saison de fouilles d’Ur (1923)[50], a-t-il pour autant intercédé dans l’arrivée des cônes d’argile à Montréal? Actuellement, cette question reste insoluble. Hormis les quatre donateurs identifiés en 1989, soit W. D. Lighthall (ML1.1), F. C. Morgan (ML2.7), Ramsay Traquair, architecte et professeur à l’université McGill (1913-1939) (ML2.8) et R. A. MacLean (ML inconnu #39)[51], quelques cartels nous apportent davantage de précisions sur les pièces étudiées par le RIMA comme celles de la ML-NS. 

Concernant la ML1.1, deux cartels apportent des informations divergentes sur cette donation attribuée à W. D. Lighthall. Le recto du premier cartel intitulé « Tablette d’argile babylonienne, 2220 a.C. » annonce un reçu pour seize moutons et deux agneaux daté du roi Bur-Sîn d’Ur III « donné par le Dr W. D. Lighthall »[52]. Au verso du même cartel, une note manuscrite datée du 13 mars 1930 apporte une information divergente soit « un don de H. L. Putnam à W. D. Lighthall et par lui à la Mc G.[ill] Univ. Library avec traduction [du texte de la tablette] par Dr Gadd du British Museum »[53] (fig.13). Une seconde note manuscrite, dont l’écriture diffère du recto du précédent cartel retranscrit mot pour mot la traduction présentée sur le premier cartel, et serait probablement antérieure à ce dernier. Au recto de ce second cartel, une autre inscription manuscrite au crayon « [traduction] du Dr Gadd du British Museum. Don de W. D. L. et H. L. P. » (fig.14). Ces deux documents se rapportent sans conteste à la tablette ML1.1 du RIMA dont la traduction de 1989 correspond précisément à ces notes[54]. Toutefois, malgré la traduction de C. J. Gadd, cette tablette ne porte pas de numéro pouvant la relier aux vingt pièces de R. A. MacLean. Ainsi, le donateur originel, H. L. Putnam, agent immobilier, courtier d’assurances et membre montréalais de la Société royale du Canada, a donné par l’intermédiaire de W. D. Lighthall au moins une tablette à l’université McGill. 

Quelques cartels confirment le nom d’autres donateurs sans pour autant les relier assurément à une pièce cunéiforme particulière. En effet, la majorité des cartels se trouvaient dans la boîte de conservation avec les pièces, mais n’était pas reliée directement à celles-ci. C’est le cas d’un cartel intitulé « Tablette d’argile babylonienne » rapportant un « Prêt de A. L. Putnam, Esq., à la McGill University Library par l’intermédiaire de W. D. Lighthall »[55] (fig. 15). Si une erreur de retranscription reste possible, associant le H majuscule du don de H. L. Putnam précédemment cité à un A majuscule, ce cartel doit néanmoins correspondre à une donation différente. Le caractère générique de l’énoncé ne nous permet toutefois pas d’émettre de corrélations pertinentes avec les collections de l’université McGill.

Trois cartels rapportent l’intervention de F. C. Morgan. Le premier cartel mentionne « Deux tablettes d’argile babylonienne. Datée de la dynastie d’Ur III, 2300 a.C. Ces tablettes proviennent originellement de la collection babylonienne de l’université de Yale et furent achetées par la F. Cleveland Morgan Collection, 1932. (La tablette du haut présente l’impression d’un sceau) »[56] (fig.16). Cette précision concernant « l’impression d’un sceau » additionnée à la datation des tablettes laisse supposer qu’il s’agirait d’une des pièces carrées ML-NS.15-18 ou ML1.5 étudiées précédemment datant d’Ur III et présentant toutes des impressions de sceaux-cylindres. Le deuxième cartel s’intitule « Deux tablettes d’argile [néo-]babyloniennes provenant de Warka [Uruk] – VIe siècle a.C. » achetées par les fonds muséaux de l’université McGill à la F. Cleveland Morgan Collection en 1932 (fig.17)[57]. Ce second cartel en recoupe peut-être deux autres. Un troisième annonce « tablettes d’argile [néo-]babyloniennes inscrites, celle du centre contient le nom de Nabuchodonosor [II]. Cleveland Morgan Collection », sans mention d’achat ou de donation (fig.18)[58]. Un quatrième cartel sans titre ni provenance mentionne « [Tablette provenant] D’Erech [Uruk], Datée de la 36e année du règne du [roi] biblique Nabuchodonosor [II], 604-561 a.C. »[59] (fig.19). Peut-on néanmoins déduire que ces troisième et quatrième cartels se recoupent? 

En 1989, le RIMA a identifié sept pièces néo-babyloniennes : une tablette de Nabopolassar (ML2.6), quatre pièces de Nabuchodonosor II soit un cylindre (ML002.52b), possiblement attribuable à F. C. Morgan, une brique (ML2.8) don du Dr Traquair (fig.10)[60] et deux tablettes (ML1.8 de l’an 12 et ML1.15 de l’an 36), une tablette de Nabonide (ML1.4) et une tablette néo-babylonienne sans mention de règne (ML1.14). En recoupant les différentes informations collectées, la tablette ML1.15 attribuée par le RIMA à l’an 36 de Nabuchodonosor II provenant d’Uruk n’est autre que celle transmise par F. C. Morgan mentionnée dans le second cartel décrit plus tôt (fig.17)[61]. Il ne reste donc actuellement que quatre tablettes identifiées comme néo-babyloniennes sans donateurs. Parmi celles-ci, la ML1.8, dont la provenance est inconnue serait potentiellement la seconde tablette offerte par F. C. Morgan mentionnée dans le cartel de 1932 (fig.7).

Deux autres acquisitions sont retracées. La première est une pièce datée d’Ur III provenant du collectionneur hollando-suédois Erik von Scherling en 1933 obtenue par le fonds de P. W. et J. C. Redpath[62]. La seconde est mentionnée dans l’article de T. Yetman comme un don de R. B. Y. Scott dans le milieu des années 1930[63]. Robert Balgarnie Young Scott fut révérant et professeur au United Theological College of Montreal (1931-1947), puis à l’université McGill (1947-1955)[64] et figure dans le registre du musée Redpath comme le donateur d’une pièce qui y est encore exposée : le fragment de cylindre RM12 d’Ur III[65].

La mise en relation des informations collectées confirme donc l’origine assurée de sept nouvelles pièces acquises majoritairement entre 1923 et 1933 : quatre tablettes de F. C. Morgan (soit assurément les ML1.15 et ML2.7, et deux autres indéterminées parmi les ML1.8 ou ML-NS.15-18), une du fonds muséal Redpath, une de A. L. Putnam et une de H. L. Putnam (ML1.1), ces deux derniers transitant par l’intermédiaire de W. D. Lighthall, une de R. B. Y. Scott (RM12). A ces pièces s’additionnent, celles obtenues par l’intermédiaire de R. A. MacLean. Ce dernier a transféré au moins 20 pièces, et plausiblement davantage, dont la grosse tablette d’Aššur (ML inconnu #39), les 10 autres pièces mentionnées dans la lettre du 17 mars 1923 et la dizaine de tablettes numérotées par C. J. Gadd (ML-NS.01 -?-, 02, 04, 09, 14 et 21.01, ML2.9, 1.2, 2.7, 1.6? et 1.14 et RM3).

Conclusion

Pour conclure, l’université McGill conserve au moins 70 pièces cunéiformes, soit les 48 publiées par le RIMA en 1989 et 22 « nouvelles » pièces non étudiées, conservées par la bibliothèque McLennan et siglées ML-NS. Aux origines de 11 pièces (7 cônes d’argile, 1 brique et 3 tablettes) identifiées par le RIMA, s’ajoute aujourd’hui le parcours d’une petite trentaine de tablettes jusqu’à Montréal. A lui seul, R. A. MacLean semble avoir apporté une vingtaine de pièces, dont une dizaine ayant été numérotée par C. J. Gadd à Londres en 1922. R. A. MacLean a également favorisé l’acquisition d’autres tablettes cunéiformes par plusieurs personnes liées à l’université McGill comme W. D. Lighthall et F. C. Morgan. Neuf autres pièces furent acquises auprès de F. C. Morgan (6), de H.L. Putnam (1), A. L. Putnam (1), et du Fonds muséal Redpath (1).

Parmi les 22 pièces de la ML-NS non étudiées à ce jour, 9 présentent assez d’éléments pour tenter de les dater stylistiquement et graphiquement. Ainsi, 6 pièces dateraient de la période d’Ur III, soit les quatre tablettes carrées (ML-NS.15-18) et probablement les ML-NS.19 et 20, et 3 pièces seraient néo-babyloniennes ou perses (NS.02, 04, 09). La numérotation de C. J. Gadd tendrait à ajouter les ML-NS.14 (#9) pour Ur III et ML-NS.22.01 (#18) pour la période néo-babylonienne. Toutefois, seules la traduction et l’étude complète de ces pièces permettront de confirmer certaines hypothèses présentées ici. 


Annexes

Tableau 1 : Éléments caractéristiques des tablettes ML-NS
LongueurLargeurÉpaisseurNb. de lignes approx.Mention moderne
ML NS.013121112« 1 »« 27-4-191 »
ML NS.026339247« 11 » 
ML NS.034634176+2  
ML NS.045142239+8« 14 » 
ML NS.053720183+3  
ML NS.065140168+7  
ML NS.075140169+4  
ML NS.084533175  
ML NS.0957341713+13« 15 » 
ML NS.104429148+9 « 66574 »
ML NS.114031143+2  
ML NS.124030167+3  
ML NS.133525154+3  
ML NS.1470492115+12« 9 » 
ML NS.154340155+4  
ML NS.163938146+3  
ML NS.174140115+5  
ML NS.183837144+3  
ML NS.19.01-023026146+5  
ML NS.20.01-0250311510+9  
ML NS.21.01-03706930?« 18 » 
ML NS.22781203028+27  
Tableau 2: Les trois séries de l’Université McGill (ML-NS, Ml, RM) et la numérotation supposée de C. J. Gadd (1922)
No.Bibliothèque McLennan ML-NSBibliothèque McLennan – MLMusée Redpath – RM
1ML-NS.01 (?)  
2   
3   
4 ML.2.9 
5 ML.1.2 
6   
7 ML.2.7 
8 ML.1.6 (?) 
9ML-NS.14  
10   
11ML-NS.02  
12 ML.1.14 
13   
14ML-NS.04  
15ML-NS.09  
16  RM3
17   
18ML-NS.21.01-02  
19   


Notes

  • [1] G. Frame, D. R. Frayne et G. McEwan, Cuneiform Texts in the Collection of McGill University, Montreal, Annual Review of the Royal Inscriptions of Mesopotamia Project, 7, Toronto : RIM Project, 1989, p. 54.
  • [2] Petits cartons dactylographiés qui accompagnaient originellement les pièces exposées en vitrine. La typographie et les dates mentionnées les placent entre les années 1920 et 1940. Relativement similaire d’apparence, ces cartels sont toutefois assez de différentes (titre, nom du donateur, éléments informatifs, traductions, etc.) pour présumer qu’ils furent produits successivement pour chaque entrée dans la collection qui s’espaça sur au moins une décennie. 
  • [3] Soit Ur (10), Uruk (6), Umma (4), Sippar (2), Gu’aba (2), Girsu (2), Nippur (1), Lagaš (1), Isin (1), Ga’eš (1), Drehem/Puzriš-Dagan (1), Diqdiqqah-Ur (1), Aššur (1), non-déterminés (15). G. Frame et al., Ib., p. 1. 
  • [4] EnnaLUM (v.2178-2170 a.C.) : 1; Gudéa (v.2141-2122 a.C.) : 2, Ur-Ningirsu (v.2121-2113 a.C.) : 1, Ur-Nammu (v.2112-2095 a.C.) :1, Šulgi (v.2095-2047 a.C.) : 3, Amar-Sîn (v.2046-2038 a.C.) : 4, Šu-Sîn (v.2037-2029 a.C.) : 3, Ur III sans précision : 5, Lipit-Ištar (v.1934-1924 a.C.) : 1, Sîn-iddinam (v.1849-1843 a.C.) : 1, Warad-Sîn (v.1834-1823 a.C.) : 8, Rim-Sîn (v.1822-1763 a.C.) : 1, Sîn-kāšid (v.1803-1770 a.C.) : 4, Šamšu-Iluna (v.1750-1711 a.C.) : 2, Période médio-babylonienne sans précision : 1, Adad-Nirāri Ier (v.1308-1275 a.C.) : 1, Aššurbanipal (v.667-627 a.C.) : 1, Nabopolassar (v.626-605 a.C.) : 1, Nabuchodonosor II (v.605-562 a.C.) : 4, Nabonide (v.556-539 a.C.) : 1, Période néo-babylonienne ou perse (v.626-330 a.C.) : 1, Antiochos IV (v.175-164 a.C.) : 1. G. Frame et al., Ib., annexe 1. 
  • [5] G. Frame et al., Op. Cit., ML1.2, pp.26-27; ML2.7, pp.16-17; ML2.9, pp.32-33 et ML1.14, pp. 49-50.
  • [6] Correspondances échangées avec les principaux musées occidentaux apparaissant dans notre étude (MBA de Boston, Metropolitan Museum de New York, Musée des Beaux-Arts de Montréal, Royal Ontario Museum de Toronto, Museum of Art de Cleveland, les collections de Chicago, Fine Arts Museum de Philadelphie, Yale Babylonian Collection de New-Haven, British Museum de Londres, Ashmolean Museum d’Oxford, musée du Louvre de Paris et les diverses institutions muséales de la museuminsel de Berlin. 
  • [7] G. Frame et al., Op. Cit., pp. 26-27.
  • [8] Ibid., p.10, 13.
  • [9] Notamment la P249033 (URL : https://cdli.ucla.edu/dl/photo/P249033.jpg) provenant du Ashmolean Museum, Oxford (no. Bod B 014); la P249119 (URL : https://cdli.ucla.edu/dl/photo/P249119.jpg) provenant du Ashmolean Museum, Oxford (no. Bod S 211) et la P100384 (URL : https://cdli.ucla.edu/dl/photo/P100384.jpg) provenant du Musée national de Syrie, Alep (no. NMSA 4048).
  • [10] Quatre exemples parmi des centaines : Tablette cunéiforme, Ur III, v. 2049 a.C. Drehem (Puzriš-Dagan), néosumérien, 3.7 x 4.1 x 1.4 cm, Metropolitan Museum of Arts, New York, 41.160.236; Tablette cunéiforme, Ur III, v. 2040 a.C. Umma, néosumérien, 4,1 x 3,7 x 1,6 cm, Metropolitan Museum of Arts, New York, 57.16.3; Tablette cunéiforme d’Akala, Ur III, v. 2035 a.C., Umma, 3,15 x 4,14 x 1,4 cm, Royal Ontario Museum, Toronto, 994.233.1; Tablette cunéiforme, Ur III, Nippur, v. 2112–2004 a.C., 4,6 x 4,0 x 1,6 cm, Museum of Fine Arts, Boston, 1981.381. 
  • [11] G. Frame et al., Op. Cit., ML1.1, pp.16-17, ML1.3, pp.8-9 et ML inconnu (#15), p. 22, 25.
  • [12] Soit la P248795 (URL : https://cdli.ucla.edu/dl/photo/P248795.jpg) provenant du Ashmolean Museum, Oxford, (no. Ashm 1971-0280), la P142670 (URL : https://cdli.ucla.edu/dl/photo/P142670.jpg) provenant du Ashmolean Museum, Oxford, (no. Ashm 1911-0157) et la P145723 (URL : https://cdli.ucla.edu/dl/photo/P145723.jpg) provenant du Musée d’Art et d’Histoire de Genève (no. MAH 16442).
  • [13] MMA86.11.249a-b, 41.160.236, 11.217.7a-b, 11.217.12, 11.217.9a-b et 11.217.17. I. Spar (ed.), Cuneiform Texts in The Metropolitan Museum of Art, Vol. 1, New-York, Metropolitan Museum of Art, 1987, 193p, pp. 15-21.
  • [14] Ces pièces sont toutes conservées par les archives de l’université McGill.
  • [15] T. Yetman, « The Redpath Museum tablet collection », Recueil de travaux et communications à l’occasion du 2e anniversaire de l’Association des Études du Proche-Orient ancien, avril 1983, pp. 6-10.
  • [16] G. Sellier, « Itinéraire d’une collection égyptienne : le « Grand Tour » de James Ferrier en Égypte (1859) », Histoire, Idées, Sociétés, mars 2018, pp. 2-33, pp. 3-6.
  • [17] J. Garstang participa à de nombreux chantiers en Égypte : Beni Hassan (1902-1904), Nbwt/Nagada (1902-1904), Nekhen/Hiérakonpolis (1904–1905), Latopolis/Esna (1905-1906) et 3bdjw/Abydos (1906-1909); au Soudan : Méroé (1909-1914); en Palestine : Ascalon (1920-1921), Aï/Et-Tell (1928) et Jéricho (1930-1936) et en Turquie : Sakçagözü (1908-1911), Yümük Tepe-Mersin (1936-1939, 1948).
  • [18] Les deux tiers de ces pièces viennent d’Égypte, un autre tiers du Soudan et trois pièces de Palestine. Archives de la collection ethnologique du Musée Redpath. 
  • [19] T. Yetman, Loc. Cit., pp. 9-10. 
  • [20] Seules deux tablettes provenant du corpus des lettres d’Amarna (EA31-32) sont rédigées dans cette langue. W. Moran, The Amarna Letters, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1992, pp. xix, 101-103.
  • [21] Lettre du 8 mars 1923. Fonds W. D. Lighthall, archives de l’université McGill.
  • [22] Ibid.
  • [23] Dans son article, T. Yetman reconnaissait, selon les documents qu’il a dépouillés mais dont nous n’avons pas trouvé trace, le rôle de R. A. MacLean dans l’acquisition des pièces cunéiformes numérotées par C. J. Gadd à Londres. Néanmoins, nos sources permettent d’élargir ce corpus. 
  • [24] Archives de l’Armée canadienne, RG 150, Accession 1992-93/166, Box 7051 – 43, #162204 : MacLean, Robert Alexander, matricule : 21398, Canadian Expeditionary Force (CEF). Archives privées. 
  • [25] Ces deux individus de réputation internationale firent partie des collaborateurs de Percy Z. Cox au Proche-Orient entre 1916 et 1918. R. A. MacLean affirme avoir rencontré à plusieurs reprises T. E. Lawrence. « Prof Defends Lawrence of Arabia », Times Union du 19 janvier 1955. Dans un article de 1920, R. A. MacLean mentionne les travaux de G. Bell. « Some Ancient Sites in Mesopotamia », AJA, p20. Dans une lettre du 22 mars 1923, R. A. MacLean affirme connaitre personnellement le directeur des antiquités à Bagdad, qui n’est autre que G. Bell (le musée n’ouvre qu’en 1926). Archives de l’université McGill.
  • [26] Plusieurs clichés qu’il réalisa en vol au-dessus de la Jordanie lui valent de figurer parmi les pionniers de l’archéologie aérienne mondiale. William S. Hanson et Ioana A. Oltean, Archaeology from Historical Aerial and Satellite Archives, Berlin : Springer Science & Business Media, 2012, 344 p., p. 231. Un court article de R. A. MacLean rapporte cet épisode, « The Aeroplane and Archaeology », AJA, 1923, p. 68.
  • [27] Archives de l’université de Rochester. 
  • [28] Archives de l’université McGill.
  • [29] ML inconnu, #39, G. Frame et al., Op. Cit., p45. Ce texte correspond au A.O.76.40. K. Grayson, Assyrian Rulers of the Third and Second Millennia BC (to 1115 BC), Toronto : University of Toronto Press, p. 171.
  • [30] Dont Sir Frederick Kenyon, directeur du British Museum, du Dr Langdon, assyriologue à l’université d’Oxford, de J. Garstang et de P. Cox. Lettre du 2 septembre 1922. Fonds W. D. Lighthall, archives de l’université McGill.
  • [31] T. Yetman, Loc. Cit., p. 7.
  • [32] L’évolution des signes cunéiformes fut longue et complexe. Toutefois, malgré une simplification stylistique en cours et une orientation sensiblement différente, les signes des périodes néo-sumérienne (v. 2200-2100 a.C.) et paléo-babylonienne (v. 2100-1595 a.C.) restent relativement similaire pour retranscrire deux langues distinctes. Un « gout de l’archaïsme » court également tout au long de l’Histoire mésopotamienne expliquant parfois l’apparition d’anachronismes. F. Joannès, Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, Robert Laffont, 2001, 974p, pp. 26-29, 799-801. R. Labat et F. Malbran-Labat, Manuel d’épigraphie akkadienne, Paris : Geuthner, (6eed.) 2011, 346p, pp.5-7, 14, 40. L’évolution des 598 signes les plus courants entre les styles néo-sumérien (classique) et le paléo-babylonien (ancien-babylonien) illustrent cette relative fixation scripturale. Ibid., pp. 42-247. 
  • [33] G. Frame et al., Op. Cit., ML1.5, p. 10,13; ML2.7, pp. 16-17.
  • [34] Ibid., p. 43, 45.
  • [35] T. Yetman, Loc. Cit., p. 7.
  • [36] Ces deux tablettes présentent en plus des numéros simples à l’encre noire, d’autres numérotations. En plus de son « 8 », la ML1.6 porte aussi « 80/D » et « 1652 ». La ML-NS.01 porte son « 1 » repété à plusieurs reprises, ainsi qu’une mention énigmatique « 27-4-191 ». 
  • [37] Lettre du 2 septembre 1922. Fonds W. D. Lighthall, archives de l’université McGill. 
  • [38] Lettre du 12 octobre 1922. Fonds W. D. Lighthall, archives de l’université McGill.
  • [39] Signée par le « University Librarian », probablement Gerhard R. Lomer (ou Gerald Lomer) officiant comme directeur de la bibliothèque dans les années 1920-1930. Archives de l’université McGill.
  • [40] Archives de l’université McGill.
  • [41] G. Frame et al., Op. Cit., pp. 6-7.
  • [42] Courte note manuscrite du 3 avril 1923. Archives de l’université McGill.
  • [43] G. Frame et al., Op. Cit., pp. 16-17.
  • [44] Archives de l’université McGill. 
  • [45] Cf. note 33. Babylone et la Babylonie n’émergent réellement de l’Histoire qu’au XVIIIe siècle a.C. avec la dynastie du roi Hammurabi. F. Joannès, Op. Cit., p. 115. 
  • [46] T. Yetman, Loc. Cit., p. 6.
  • [47] W. Andrae fouille Aššur principalement entre 1903 et 1914. R. J. Koldewey fouille extensivement Babylone pour le compte du Deutsche Orient-Gesellschaft (DOG) entre 1897 et 1917, ne quittant le site qu’à l’arrivée imminente des troupes britanniques.
  • [48] R. E. C., « Major-General Sir Percy Zachariah Cox », The Geographical Journal, 90-1, 1937, p. 4.
  • [49] Soit les RM2 (U334), RM5 (U375), RM7 (U212), RM8 (U866B), RM9 (U867), RM14 (U327), RM16 (U187) proviennent d’Ur et les RM4, 6, 10 et 15 sont supposés en venir aussi. G. Frame et al., Op. Cit., p. 1.
  • [50] D. J. Wiseman, « Obituary: Cyril John Gadd », BSOAS, 33-3, 1970, p. 594.
  • [51] Dans G. Frame et al., Op. Cit., ML1.1, pp. 16-17; ML inconnu #39, p. 45, ML2.7, pp. 16-17 et ML2.8, p. 43,47. 
  • [52] Archives de l’université McGill.
  • [53] Ibid.
  • [54] G. Frame et al., Op. Cit., #11 p. 17.
  • [55] Archives de l’université McGill. 
  • [56] Ibid.
  • [57] Ibid.
  • [58] Ibid.
  • [59] Ibid.
  • [60] Ibid.
  • [61] G. Frame et al., Op. Cit., pp. 46-47.
  • [62] Ce fond a été créé en mémoire des deux frères Redpath, Peter Whiteford Redpath (1869-1902) et Jocelyn Clifford Redpath (1876-1901). Archives de l’université McGill.
  • [63] T. Yetman, Loc. Cit., p. 8.
  • [64] Durant sa formation théologique dans les années 1920, il passa une année entre la Grande-Bretagne et la Palestine, région dont il rapporta plusieurs fragments des manuscrits de la Mer morte à Montréal. (URL : https://www.thecanadianencyclopedia.com/en/article/robert-balgarnie-young-scott/). 
  • [65] Archives de la collection ethnologique du Musée Redpath.